Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 1.djvu/389

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

distinctes, et donna à un agent général inspecteur, general agent and superintendent, pris en dehors des comités, le soin de centraliser toutes les opérations du board[1].

C’est à la même époque (1847) qu’était fondé en faveur des immigrans malades, infirmes ou dénués de tout soutien, l’hôpital et refuge de Ward’s-Island, situé sur l’île de ce nom, au milieu de la rivière de l’Est, à proximité et en face de New-York, devant l’espace qui s’étend entre la 100e et la 116e rue[2]. Depuis lors cet établissement charitable, qui est sous la surveillance des commissaires de l’émigration, n’a fait que s’embellir, ajoutant aux constructions déjà existantes de nouvelles constructions où l’on a tout prévu et où l’on a trouvé place pour tout, non-seulement des salles séparées pour les divers malades, pour les opérations chirurgicales, les accouchemens, mais encore une nursery pour l’allaitement des enfans, une école pour ceux qui sont plus âgés, une salle de travail pour les immigrans adultes et convalescens, une salle de lecture, etc. Les mesures protectrices prises par l’état de New-York stimulèrent le congrès fédéral. En 1855, il fit une nouvelle loi qui assurait aux émigrants 2 mètres cubes d’espace libre par tête et réglait de plus la ventilation du navire et la cuisson des alimens. Ce dernier point n’était pas sans importance, car auparavant les passagers n’avaient qu’une place très restreinte pour faire cuire eux-mêmes leur nourriture et se la disputaient sans cesse. En cette même année 1855, le conseil des commissaires de l’émigration s’établissait à Castle-Garden et y fixait, dans des conditions exceptionnelles de confort et de sécurité, le lieu de débarquement des émigrans, qui depuis n’a plus varié. C’est là aussi que les commissaires ont installé leurs différens bureaux.

Pendant que le gouvernement fédéral et l’état de New-York inauguraient ces diverses mesures de protection, les états européens qui fournissent des émigrans à l’Amérique imposaient des règlemens analogues aux agences et aux compagnies maritimes d’émigration, et exigeaient la présence d’un médecin à bord. Les navires

  1. L’honorable M. Verplanck a été depuis 1848 jusqu’à 1870 président du conseil d’émigration ; il a depuis été remplacé par M. O’Gorman. Tous les commissaires élus, ainsi que les commissaires d’office, n’ont jamais cessé de remplir, à la satisfaction des émigrans et du public, leurs délicates fonctions. On peut en dire autant de l’agent général inspecteur, M. Bernard Casscrly, et de tous les autres chefs de service et employés. C’est aux intéressantes publications si généreusement distribuées par les commissaires, non moins qu’à des rapports personnels que nous avons eus plusieurs fois avec eux, lors de nos différens voyages aux États-Unis entre les années 1867-1870, que nous devons une partie de nos renseignemens.
  2. La rivière de l’Est se jette dans la baie de New-York au même point que l’Hudson, et les deux cours d’eau entourent cette langue de terre qu’on appelle l’île de Manhattan, sur laquelle New-York est bâti.