Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 1.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne tardaient pas à se produire, qui étaient sans doute dans la logique du 24 mai, et qui n’ont été en définitive qu’un humiliant mécompte pour ceux qui se sont jetés tête baissée dans cette aventure sans être sûrs de rien, sans savoir où ils allaient. Si le gouvernement était favorable à ces tentatives, c’était à lui de s’en emparer pour les diriger, pour les dominer, au lieu d’affecter une neutralité mystérieuse qui ne pouvait tromper personne ; s’il les croyait irréalisables, dangereuses, il devait intervenir franchement, résolument pour les arrêter, au lieu de s’effacer et de se retrancher dans une inaction calculée qui ne pouvait que favoriser toutes les incertitudes, toutes les agitations. Le seul résultat de ce long et pénible imbroglio a été de montrer la vanité des combinaisons monarchiques et l’indécision d’un gouvernement qui laissait tout faire, qui au fond n’évitait de prendre un parti que pour ne pas s’exposer à blesser des fractions de la majorité dont il avait eu besoin pour naître, dont il allait encore avoir besoin pour vivre. On sacrifiait tout, et on risquait de tout compromettre, même quelquefois le nom de M. le président de la république, pour une nécessité parlementaire.

Ces faits sont d’hier, ils résument une des plus singulières péripéties de cette année 1873, ils montrent à l’œuvre une politique qui a certainement l’intention d’être conservatrice, quoiqu’elle ait quelquefois une étrange manière d’interpréter et de servir les intérêts conservateurs. Eh bien ! qu’on y prenne garde, on semble maintenant recommencer cette campagne de l’équivoque au milieu de la confusion des partis, plus divisés que jamais, surtout peu éclairés par l’inexpérience. Ce qu’on a fait une première fois, au lendemain du 24 mai, avant les tentatives monarchiques, on a tout l’air de vouloir le refaire après le vote de la septennalité. Assurément cette présidence septennale, à laquelle on a été trop heureux de se rallier dans la déroute des espérances royalistes, cette présidence consolidée créait au premier abord des conditions nouvelles, précieuses, où le gouvernement pouvait prendre une direction plus décidée, où le pays pouvait trouver la garantie d’une sécurité plus durable ; mais, pour que cette combinaison devînt cette « réalité vivante » dont parlait M. le duc de Broglie, il fallait au moins savoir prendre son parti. Il y avait une politique qui se présentait d’elle-même, qui consistait tout simplement à déterminer sans plus de retard le rôle de cette présidence de sept ans au milieu d’un ensemble d’institutions qui ne peuvent pas s’appeler autrement que la république, puisque M. le maréchal de Mac-Mahon reste toujours président de la république. C’était tout bonnement se rendre à la nécessité des choses, et on n’avait même pas le choix. Peut-on en effet songer sérieusement à reprendre les projets de restauration monarchique après la désastreuse campagne qui a laissé de si cuisans souvenirs ? On ne se fait pas probablement de telles illusions. Dès lors il n’y avait plus à disputer