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vassal des grands, et se compose aussi du peuple primitivement subjugué.

Avançant toujours vers la mer, les Achantis ont peu à peu conquis la plupart des tribus placées sous le protectorat des Européens. Vers 1807, ils étaient maîtres de toute la côte et avaient même attaqué et pris un établissement appartenant aux Hollandais. La sécurité de Cape-Coast ne fut garantie que par de regrettables concessions. Les Fantis, entre autres, qui longtemps avaient servi d’intermédiaires entre l’intérieur et le littoral, subirent le joug le plus odieux; leurs révoltes, faute d’être soutenues par les Anglais, toujours plus prudens que nous en matière d’intervention, restèrent sans succès. L’invasion de ces conquérans a brisé la puissance des Fantis, qui, autrefois forts et redoutés, sont maintenant tombés dans un état d’indolence et de dégradation honteuse, et sont devenus les nègres les plus sales et les plus paresseux de la côte. Quoique plus beaux hommes que les Achantis, ils sont très sujets à la lèpre (krakra). Réduits à chercher un appui auprès des Anglais, ils étaient restés jusqu’à présent leurs fidèles alliés. Lorsqu’on 1822 le Cape-Coast fut placé sous la direction de Sierra-Leone, sir Charles Mac-Carthy y fut envoyé comme gouverneur. Il entreprit presque aussitôt après son installation une expédition contre les Achantis, mais il fut surpris dans les bois et massacré avec toute sa troupe. Cape-Coast fut investi, et ses défenseurs eussent tous péri sans une panique des envahisseurs. On parvint pourtant en 1826 à les chasser du pays. En 1831, le nouveau gouverneur Mac-CIean détermina les Fantis à se placer sous le protectorat de la Grande-Bretagne et conclut un traité avec le roi des Achantis, traité par lequel ce dernier reconnaissait l’indépendance des infortunées tribus, et depuis cette époque la paix ne fut troublée qu’une fois, en 1863, avant la guerre actuelle.

Dans les premiers jours du mois d’avril 1872 eut lieu la remise solennelle du fort d’Elmina, chef-lieu des possessions hollandaises, à M. Pope Hennessey, le nouveau gouverneur britannique, et M. Ferguson, l’ex-gouverneur hollandais, s’embarqua sur le navire la Citadelle d’Anvers pour retourner en Europe. Les autres postes militaires des Hollandais furent occupés par les Anglais dans le courant du même mois. M. Hennessey avait déclaré, au nom de son gouvernement, que rien ne serait changé à l’administration de la colonie; il avait même promis d’admettre les indigènes aux fonctions publiques. Néanmoins des troubles graves éclatèrent avant la fin de l’année. L’origine de ces conflits est assez obscure, et, ainsi qu’il arrive d’ordinaire dans ces sortes de cas, on l’attribue à des causes très diverses. Le roi des Achantis avait l’habitude de recevoir