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LA
GUERRE DES ACHANTIS

Entre le tropique du Cancer et l’équateur, au sud du Sénégal, sous le cinquième parallèle de latitude, la côte occidentale de l’Afrique se replie brusquement vers l’est pour former un coude qu’on appelle le golfe de Guinée, et dont le littoral comprend la Côte d’Ivoire, la Côte d’Or, la Côte des Esclaves ou le Dahomey, enfin le Gabon. C’est là que vers le milieu du XVe siècle les navigateurs portugais crurent d’abord, en voyant la terre se prolonger longtemps vers l’est-sud-est, avoir trouvé la route des Indes, qu’ils ne devaient découvrir que quarante ans plus tard. En attendant, ils s’établirent sur ce littoral, et, se fortifiant aux îles du Cap-Vert, qui se trouvent un peu au-dessus, ils se livrèrent au commerce facile de la poudre d’or, puis à celui des esclaves, car c’est dans ces régions que l’esclavage moderne des noirs prit naissance et que la traite se développa plus tard d’une façon révoltante. Ce qu’on paraît généralement ignorer, c’est que les Portugais avaient été précédés à la Côte d’Or par les Français. Ce sont en effet d’audacieux marins de Dieppe qui les premiers ont abordé dans ces parages ; dès 1365, les Normands possédaient des factoreries à l’embouchure du Sénégal et jusqu’au-delà de la rivière de Sierra-Leone. L’un de ces établissemens s’appelait le Petit-Paris, un autre le Petit-Dieppe. Dans la suite, nos aventureux compatriotes poussèrent leur exploration jusqu’à la Côte d’Or, où ils élevèrent en 1382 le fort de la Mine, qui depuis est devenu Elmina. Cependant les compagnies qui faisaient sur le littoral le commerce de l’or et de l’ivoire tombèrent en décadence, et vers la fin du XVIe siècle les Français n’eurent plus que le Sénégal. En 1700, la compagnie d’Afrique fonda de nouveau une factorerie en Guinée, à l’entrée de la rivière d’Assinie ; mais il