Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 108.djvu/831

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES PASSIONS
D’APRES LES TRAVAUX RECENS DE PHYSIOLOGIE ET D’HISTOIRE NATURELLE.

I. The Expression of the émotions in man and animals, by Ch. Darwin, 1873. — II. La Physionomie et les mouvemens d’expression, par M. Gratiolet, 2e édit., 1873. — III. La Contagion morale, par le Dr Prosper Despine, 1871. — IV. Le Cœur et le Cerveau, par M. Cyon, 1873. — V. Physiologie des passions, par M. Letourneau, 1869.

S’il est un fait aujourd’hui démontré par la raison repliée sur elle-même autant que par l’observation attentive de tout le développement du savoir humain, c’est l’intime solidarité de toutes les forces et de toutes les opérations naturelles, solidarité telle qu’il est impossible de comprendre un seul détail, si l’on ne considère pas l’ensemble entier des phénomènes. Longtemps séparées les unes des autres, toutes les sciences tendent aujourd’hui à se rapprocher, à se confondre pour l’explication des choses. Ce sont les exigences de la science de l’homme qui ont surtout déterminé cette irrésistible attraction, ce concours systématique des connaissances les plus diverses vers un même centre, où elles acquièrent tout leur prix et toute leur signification. C’est que l’homme réunit en lui, comme dit Buffon, toutes les puissances de la nature, c’est qu’il est un centre où tout se rapporte, un monde en raccourci, et qu’il n’y a pas de trop de toutes les analyses pour résoudre la complexité infinie de cet être si multiple, de toutes les clartés pour dissiper la nuit qui entoure cette mystérieuse créature. S’il est vrai, comme le pense Leibniz, qu’une seule monade, un imperceptible atome est un miroir de la beauté totale de l’univers, combien cela est plus vrai encore de cet assemblage singulier et diversifié de monades qui est