Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 108.djvu/704

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 novembre 1873.

La question est donc tranchée, autant qu’une question puisse être tranchée dans la condition présente des choses en France. La crise étrange, pénible, aiguë, dans laquelle on s’était fait un jeu d’engager un pays fatigué d’épreuves, cette crise s’est dénouée, non sans avoir provoqué bien des anxiétés, bien des contestations, mais en restant jusqu’au bout à l’abri des agitations et des pressions extérieures. Une circonstance qui aurait pu compliquer singulièrement la situation, qui n’aurait peut-être pas été sans péril, si elle eût été imprudemment divulguée à l’heure même, la présence de M. le comte de Chambord à Versailles ou dans les environs, n’a été connue, à peu près avouée du moins, que lorsque tout était fini, et cette visite furtive du prince sans couronne ressemble à une apparition mystérieuse, à demi romanesque et inutile au milieu de nos laborieuses réalités. Après trois mois perdus à poursuivre une royauté qui s’est évanouie au dernier moment, que M. le comte de Chambord ne pouvait plus espérer faire revivre même en venant à Versailles, trois semaines viennent d’être employées à nouer des combinaisons nouvelles, à chercher un moyen de concilier des regrets, des vœux, des prétentions qui ne sont pas toujours conciliables, et de tout cela que reste-t-il ? Quel est le dernier mot de tant d’efforts poursuivis publiquement ou dans le demi-jour des négociations parlementaires ?

Le dernier mot, il a été dit à Versailles dans la nuit du 19 au 20 novembre par ce vote qui consacre la présidence septennale de M. le maréchal de Mac-Mahon, sans réserves suspensives, sans conditions résolutoires, il est vrai, mais avec la garantie de la discussion prochaine des lois constitutionnelles. La veille encore, le maréchal de Mac-Mahon n’était que le délégué dépendant du pouvoir parlementaire, dénué de tout caractère propre, ayant comme chef du gouvernement une existence limitée à l’existence même de l’assemblée ; depuis la nuit du 19,