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Ce qui prouve encore que le gouvernement prussien s’est bien trouvé de ce système, c’est qu’il l’a étendu aux realschulen ; on appelle ainsi un établissement parfaitement distinct du gymnase et non moins complet, ayant son enseignement à part, qui est donné en une série de huit classes. Pour ne pas nous servir d’un nom allemand, nous l’appellerons le collège scientifique. Ce n’est pas ici le lieu d’en raconter l’histoire et d’en décrire l’organisation. Disons seulement que le collège scientifique délivre un certificat qu’on peut considérer comme l’équivalent de notre diplôme de bachelier ès-sciences : il ouvre l’accès de quelques grandes écoles de l’état, telles que l’école des ponts et chaussées. (Bau-Academie) celle des mines, celle des forêts, celle des arts et manufactures, et il dispense les jeunes gens qui veulent entrer dans l’armée de l’examen précédant le grade d’enseigne (porte-épée-fähnrich). Ce diplôme est conféré dans les mêmes conditions que celui du gymnase, mais après des épreuves différentes, où les sciences tiennent la première place. Ici encore l’examen a lieu au sein de l’établissement scolaire sous le contrôle d’un représentant de l’état. Non-seulement les collèges scientifiques, fondés presque tous par l’initiative (des municipalités, se sont volontairement soumis à ce contrôle, mais le droit au diplôme a été pour eux un puissant stimulant qui leur a fait étendre le programme de leurs études, multiplier le nombre et épurer le choix de leurs maîtres.

Mentionnons ici une circonstance qui montre avec quel art le gouvernement a su graduer les avantages d’une instruction régulièrement reçue. Ce n’est pas seulement à la sortie de la dernière classe que les élèves obtiennent un certificat ; ceux qui ont été déclarés aptes à passer en prima, en secunda, en tertia, peuvent entrer dans quelques administrations officielles, ou adopter certaines professions demi-savantes. C’est surtout pour les élèves de la realschule que le gouvernement a pris soin de dresser cette échelle, car il savait que la population d’écoliers auxquels elle s’adresse n’a pas toujours l’envie ou les moyens d’aller jusqu’au bout des classes. Ainsi est retenue plus longtemps au collège une jeunesse partout disposée à prendre les chemins de traverse.

Pour revenir à l’organisation du baccalauréat allemand, je ne crains pas de dire qu’elle vaut mieux que la nôtre en ce qu’elle laisse l’élève au milieu de ses maîtres, et en ce qu’elle borné le rôle de. l’état au strict nécessaire, qui est de surveiller les établissemens d’instruction secondaire et de maintenir le niveau des études. J’ajoute que l’état, tout en se mêlant moins des examens, agit sur l’enseignement d’une façon plus profonde et plus générale. On devine que les directeurs ne se soucient point de faire défiler devant le représentant du gouvernement une série de candidats médiocres :