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française. Ne craignons donc pas de jeter les yeux au dehors pour voir quelles institutions de nos voisins correspondent aux nôtres.

En ce qui concerne le baccalauréat, cette étude ne coûtera rien, je pense, même au patriotisme le plus sensible. Personne sans doute ne le compte au nombre de nos grandes institutions nationales. On voit beaucoup de gens qui s’en plaignent et bien peu qui le défendent autrement que par l’impossibilité de rien mettre à la place. « Le baccalauréat était le signe des bonnes études, dit quelque part un écrivain appartenant à l’Université, on a abandonné la chose pour le signe… Il n’y a plus rien à faire pour le baccalauréat que de le supprimer. » Je suis disposé à moins de sévérité : le baccalauréat est une institution faible et vacillante, comme toutes les créations d’une société aussi divisée que la nôtre : il faut tâcher de le consolider, et non le jeter bas ; mais voyons d’abord comment est organisé le même examen dans une société jusqu’à présent unie et forte.


I.

On appelle examen de maturité l’épreuve placée au bout des classes du gymnase[1], et qui sert à vérifier si l’esprit de l’élève est mûr pour l’université. Il s’agit non pas de déclarer l’éducation close, mais d’annoncer le commencement d’une nouvelle période dans les études. Sauf ce point, qui est important, l’examen de maturité (on le nomme aussi Abiturienten-Examen) remplit à peu près le même rôle et a la même importance que notre baccalauréat ès-lettres. L’organisation de cette épreuve n’est pas tout à fait semblable dans les divers pays de l’Allemagne. Le Wurtemberg notamment avait jusqu’à ces dernières années un système assez analogue au nôtre ; mais il vient d’être abrogé. Le règlement prussien tend à s’introduire partout, et l’on peut prévoir le moment où il sera uniformément suivi par toute l’Allemagne. Nous le prendrons donc pour base de nos observations.

La différence capitale qui existe entre l’examen français et l’examen allemand, c’est qu’en France le diplôme est conféré par l’état, et qu’en Allemagne il est délivré par le gymnase. Accessoire en apparence, cette différence entraîne après elle toutes les autres.

Les établissemens d’instruction secondaire que possède

  1. On sait que c’est le nom généralement donné en Allemagne aux établissemens d’instruction secondaire, qu’ils relèvent de l’état ou des villes, qu’ils appartiennent à une corporation ou qu’ils soient entretenus sur une fondation particulière. On appelle progymnase un gymnase qui ne possède que les classes inférieures (jusqu’à notre quatrième environ). La Prusse compte 221 gymnases et 32 progymnases. Les realschulen ne sont pas comprises dans cette énumération.