Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 108.djvu/393

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MŒURS FINANCIERES
DE LA FRANCE

III.
LES PAPIER-MONNAIE. — LES IMPÔTS DE LA GUERRE. — LES TRAVAUX DE LA PAIX.

En prenant possession du fauteuil de la présidence, l’honorable M. Buffet rappelait à l’assemblée nationale qu’après avoir pourvu à la première partie de sa tâche, la libération du territoire, elle avait à se préoccuper de la seconde, non moins importante à coup sûr, la reconstitution politique du pays. Ce qui était vrai du régime gouvernemental de la France ne l’est pas moins du régime financier. Après avoir acquitté tous nos engagemens envers l’Allemagne, il faut aviser à nos besoins intérieurs, rembourser les créanciers qui ont fait à l’état des avances temporaires, éteindre les déficits du budget, compléter les moyens de défense du territoire, enfin reprendre les travaux productifs de la paix. Comment pourrait-on suffire à tant de nécessités, alors surtout qu’on a dû payer en si peu de temps cette énorme rançon qui s’élève à plus de 6 milliards, y compris les indemnités particulières des villes et l’approvisionnement des armées ennemies ? Où trouver de nouvelles ressources avec une dette consolidée de 748 millions, qui a doublé en trois ans, une dette flottante de près d’un milliard, et des budgets dont l’équilibre, malgré tant de nouveaux sacrifices demandés aux contribuables, n’est pas encore assuré ? Certes le rétablissement de la balance exacte entre les recettes et les dépenses est le premier but qu’il s’agit d’atteindre ; mais les besoins de la sûreté du pays n’ont pas une moindre importance. Enfin comment espérer que le tempérament de la France se contente de ce régime de la diète forcée