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du 26 mai, le roi de Hanovre s’est uni au roi de Prusse pour combattre la démagogie, non pas pour transformer l’Allemagne en état unitaire ; or la démagogie est vaincue, le but de l’alliance est atteint, le traité du 26 mai n’a plus de raison d’être ; le Hanovre se dégage de l’union restreinte. Tel est le résumé d’une série de notes échangées entre le Hanovre et la Prusse pendant les trois derniers mois de l’année 1849 et qui aboutissent le 30 décembre à la rupture définitive du Hanovre avec l’union restreinte. La Saxe ne va pas si loin ; elle refuse de prendre part à des mesures qui lui semblent contraires aux stipulations de l’acte fédéral de 1815, mais, ces réserves faites, elle ne se dégage point des obligations qu’elle a contractées le 26 mai. Le procédé est moins vif, le résultat est le même ; maintenir le traité du 26 mai comme une alliance contre la démagogie, refuser d’y voir le premier acte d’une politique concertée en vue de l’unité allemande, c’est faire sous des formes plus respectueuses ou plus timides ce que le Hanovre a fait nettement et résolument. Pour la Saxe comme pour le Hanovre, le traité du 26 mai n’existe plus. Les raisons que les deux gouvernemens alléguaient pour se dégager ainsi des liens de la Prusse n’étaient pas, on le pense bien, les raisons décisives. Une seule chose explique et justifie leur audace ; l’Autriche se relevait de ses ruines, et le chef du ministère autrichien était le prince Félix de Schwarzenberg.

Ainsi, à la veille du jour où le parlement d’Erfurt va être convoqué au nom de l’union restreinte, les deux rois qui, par crainte de la Prusse, se sont résignés à fonder cette union de concert avec Frédéric-Guillaume IV, le roi de Hanovre et le roi de Saxe, directement ou indirectement, reprennent leur liberté. Le traité du 26 mai 1849, qu’on appelait aussi l’alliance des trois rois (Dreikönigsbündniss), n’est plus qu’une lettre morte aux mains de la Prusse.

Si les voisins immédiats du roi de Prusse, des princes du nord et du centre, le roi de Hanovre et le roi de Saxe, maintiennent ainsi leur indépendance, on comprend que les souverains de l’Allemagne du sud seront plus empressés encore à protester contre la politique prussienne. Le 27 février 1850, tandis que se préparent les élections du parlement d’Erfurt convoqué pour le 20 mars, le roi de Wurtemberg et le roi de Bavière, auxquels se joint le roi de Saxe, signent une convention qui a pour but de préserver les droits des souverains et des états particuliers dans la constitution future de l’Allemagne. Quinze jours après la conclusion de ce traité, le roi de Wurtemberg prononçait un discours qui en est le commentaire très net et très hardi. C’était à l’ouverture de la chambre des députés à Stuttgart. « Messieurs, disait-il, l’état unitaire allemand est une chimère et la plus dangereuse de toutes les chimères, aussi bien