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à renaître a été bien observé par le jeune naturaliste. Aux premiers jours d’avril se réveillent les phylloxères qui sont restés engourdis tout l’hiver ; ils se montrent alors avec une peau dure et rembrunie, mais avant de pondre ils subissent une mue, et on les voit alors avec une teinte claire et un tégument mou. C’est donc peut-être à cette époque de l’année qu’il serait le plus facile de parvenir à la destruction de l’être malfaisant. Dans un rapport sur les travaux de MM. Duclaux, Cornu et Faucon, présenté au nom de la commission spéciale, M. Dumas n’a pas manqué d’insister sur ce point. L’illustre secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, qui met un admirable dévoûment au service de la question de la maladie de la vigne, s’est livré lui-même à l’analyse chimique des racines saines et des racines endommagées par le phylloxère ; les résultats des expériences se trouvent consignés dans son rapport.

En résumé, les études se poursuivent avec activité, mais le fléau continue à s’étendre. Le mal augmente aux environs de Montpellier, écrit le secrétaire de la Société d’agriculture de l’Hérault, M. H. Mares ; en même temps, la présence du phylloxère est signalée dans le département du Rhône ; elle s’est annoncée par des ravages déjà considérables dans la Charente. Récemment, M. Monestier affirmait avoir réussi à tuer l’insecte à l’aide du sulfure de carbone ; d’autres agriculteurs ont essayé du moyen, ils déclarent que le sulfure de carbone fait périr la vigne ; maintenant on disputé sur les doses. M. Planchon, de retour d’un voyage en Amérique entrepris pour l’étude du phylloxère, a trouvé un acarus qui poursuit l’insecte malfaisant jusque dans les profondeurs de la terre et le détruit ; il a rapporté de nombreux individus de l’espèce, afin de tenter une acclimatation dont il attend de bons résultats. Appréciant à leur valeur les termes de comparaison, M. Balbiani s’est livré à des recherches délicates sur le phylloxère du chêne ; qui est plus facile à suivre dans son développement que celui de la vigne, et déjà un fait important est constaté : des individus des deux sexes paraissent. à l’automne, et après un accouplement ils donnent naissance aux femelles destinées à se multiplier à l’infini par la voie de la parthénogenèse, c’est-à-dire l’enfantement par les femelles vierges. La commission spéciale de l’Académie des Sciences persévère dans la marche adoptée en 1872, elle veut maintenir les travaux de ses délégués dans une direction scientifique avant d’entreprendre les études pratiques dont sans doute elle pourra bientôt s’occuper. C’est le dernier mot de la situation.