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s’est proposé : la recherche du lieu d’origine de l’apparition du phylloxère, la reconnaissance de l’étendue des points où la présence de l’insecte a été signalée dans les années successives, le contrôle des effets produits par les divers moyens préventifs ou curatifs qui ont été employés, la constatation du genre de dommages que les tissus de la vigne éprouvent par la succion du phylloxère, l’étude enfin des habitudes, du développement, des modes de reproduction de l’insecte. De jeunes savans d’un mérite reconnu furent appelés pour concourir aux expériences nécessaires, et pour se livrer sur les lieux infestés à toutes les études que comporte la question au triple point de vue de la zoologie, de la botanique et des sciences physiques. M. Dumas, le président de la commission, s’empressa d’informer M. le ministre de l’agriculture et du commerce des résolutions adorées, et dans la séance du 26 août l’Académie apprenait que le crédit jugé indispensable à l’exécution des travaux était mis à sa disposition.

La saison chaude étant déjà fort avancée, les délégués de l’Académie avaient juste le temps de visiter les vignobles envahis par l’insecte destructeur et de faire quelques études préliminaires, en vue des recherches que l’année suivante ils poursuivraient avec méthode. M. Duclaux, professeur de chimie à la faculté des sciences de Clermont-Ferrand, dut parcourir les départemens de Vaucluse, de l’Hérault et du Gard. M. Maxime Cornu, botaniste attaché à la faculté des sciences de Paris, alla directement à Bordeaux, l’Académie ayant été avertie par M. le comte de Lavergne que dans les environs les galles de phylloxères se trouvaient à profusion sur les feuilles. De la sorte on eut bientôt diverses informations précises. A la fin d’une première campagne qui avait été fort courte, M. Dumas n’hésitait pas à déclarer que le dévoûment des délégués s’était montré à la hauteur de leur mission et de la confiance de l’Académie. Un zoologiste distingué, micrographe d’une rare habileté, auteur d’admirables travaux sur l’organisation des pucerons, M. Balbiani, fut invité à donner son concours pour l’étude des phénomènes de la vie de l’insecte destructeur. Ce savant, absorbé par des recherches sur d’autres sujets, n’était pas. entièrement libre, il désirait néanmoins se rendre utile, et, comme on le verra, il l’a déjà prouvé.

Plusieurs fois des agronomes qui depuis les premiers temps de l’invasion du phylloxère suivent avec anxiété la marche du fléau ont assisté aux réunions des membres de la commission spéciale de l’Académie ; les discussions et les entretiens qui se sont engagés ne resteront sans doute pas absolument stériles. Il a été rappelé avec insistance que les probabilités de succès étaient grandes si la science faisait son œuvre complète, bien douteuses si l’on s’abandonnait à l’empirisme. Une comparaison affligeante pour notre pays s’imposait