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se sont livrés à l’étude comparative des détails de conformation chez. les producteurs de galles et chez les suceurs des racines estiment que l’identité spécifique des deux sortes de phylloxères est démontrée par des expériences concluantes. Des individus sortis ou tirés des galles et placés sur des racines auraient franchement accepté la nouvelle situation. On voudrait néanmoins, pour être débarrassé de toute inquiétude, n’avoir pas encore à désirer des expériences plus complètes et mieux poursuivies selon l’esprit scientifique que celles dont le résultat a été indiqué. Le désir est légitime ; récemment un membre de la Société d’agriculture de la Gironde déclarait avoir échoué dans toutes les tentatives pour « faire vivre le phylloxère des feuilles sur les racines des vignes en plein champ. »

Avec juste raison, on s’est occupé de l’origine de l’insecte devenu si préjudiciable aux vignobles du midi de la France. Cette origine n’est plus douteuse pour aucun naturaliste. Le phylloxère, répandu d’une manière presque soudaine en Europe, est une espèce américaine introduite avec des vignes expédiées des États-Unis. A cet égard, la certitude est acquise ; les dénégations plusieurs fois renouvelées n’ont jamais eu d’autre source que la rêverie. En Portugal et en Autriche, de même qu’en France, l’être malfaisant s’est montré subitement dans les lieux où sont cultivés des cépages d’Amérique. Dans le Nouveau-Monde et en Europe, il vit dans de pareilles conditions, sur les feuilles et sur les racines. Les individus recueillis au milieu des champs du Languedoc et au Missouri, minutieusement comparés, ont offert une similitude complète. Maintenant, lorsqu’on sait avec quel soin nos insectes indigènes ont été recherchés par les entomologistes, on ne : croira pas aisément que le phylloxère ait pu échapper à toute observation jusqu’au jour où il s’est annoncé par d’immenses dégâts. Enfin, ce qui est absolument décisif, le phylloxère est commun en Amérique sur les vignes sauvages ; M. Riley n’hésite pas à déclarer que l’insecte, tantôt gallicole, tantôt radicicole, qui attaque la vigne existe dans ce pays de temps immémorial.

Depuis quelques années, en Europe et en Amérique, le phylloxère est l’objet de recherches assidues, et néanmoins ces recherches n’ont eu encore que des résultats très restreints. On immense intérêt s’attache à la connaissance de toutes les particularités de la vie et des modes de propagation de l’espèce nuisible, et jusqu’à présent cette connaissance demeure fort incomplète. Quelques mots suffiront pour donner l’idée exacte de ce que l’on sait, de ce que l’on ignore, de ce que l’on suppose. En hiver, les insectes engourdis restent fixés sur les racines ; au printemps, ils se réveillent, et bientôt ont lieu des pontes. Éclos au bout de peu de jours, les jeunes se