de 20,000 fr. est offert à celui qui trouvera un remède efficace contre le phylloxéra. Un conseil-général et plusieurs sociétés d’agriculture attendent également le succès d’une promesse de récompenses pécuniaires. Des motifs très divers devaient donc susciter des observations, des remarques, des essais de tout genre : les écrits sur le phylloxère et sur la nouvelle maladie de la vigne, publiés depuis cinq ou six ans, se comptent par centaines ; on ne verra pas sans curiosité ce qu’ils ont appris. En présence du fléau qui semble ne pouvoir s’arrêter, l’Académie des Sciences, toujours préoccupée de l’idée de rendre des services au pays, a chargé quelques-uns de ses membres d’examiner tous les travaux qui viendraient à se produire sur la question et de prendre l’initiative de certaines études ; peut-être ne suivra-t-on pas sans intérêt les opérations commencées.
Des faits graves avaient été constatés dans les années antérieures, mais c’est en 1868 seulement que les sociétés d’agriculture de nos départemens méridionaux commencent à s’inquiéter sérieusement de la condition des vignes. Il y a déjà des pertes énormes ; des craintes trop justifiées pour l’avenir amènent l’investigation. Alors on s’applique à déterminer les caractères de la maladie ; le professeur de botanique de la faculté des sciences de Montpellier, M. Planchon, découvre sur les racines le petit insecte qui cause tout le mal. Au premier jour, le savant considère l’animal nuisible comme une sorte de puceron d’un genre inconnu ; après mûr examen, il s’assure que, si l’espèce n’a pas été signalée, elle se rattache du moins à un genre nettement caractérisé d’après une espèce qui vit sur le chêne : le genre phylloxéra. Désormais l’insecte de la vigne sera désigné sous le nom scientifique de phylloxéra vastatrix. Ainsi qu’on le verra par la suite, à une époque antérieure l’animal avait été observé aux États-Unis vivant dans une tout autre condition, et il avait été décrit sous un nom particulier ; une circonstance avait également permis à un entomologiste de l’Angleterre de le remarquer. En 1868 et pendant les années suivantes, le professeur de Montpellier, le docteur Signoret à Paris, le professeur Targioni-Tozzetti de Florence, M. Riley de Saint-Louis dans l’état du Missouri, d’autres encore se mettent à étudier les mœurs et le mode de propagation du phylloxère ; malheureusement le sujet est difficile, et à l’heure présente l’étude n’est que médiocrement avancée ; elle demeure insuffisante pour éclairer sur les moyens de destruction.
Dans les endroits où le phylloxère est établi depuis un certain temps, on est averti de sa présence par l’aspect de la végétation. Au commencement de l’été, lorsque les vignes saines portent de