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montra une vive sympathie pour cette œuvre qui prenait au sérieux la devise de l’association : par la science, pour la patrie.

La deuxième session a eu lieu dans la ville de Lyon vers la fin du mois d’août dernier. Grâce à la bienveillance de la municipalité, grâce au dévoûment actif de plusieurs savans lyonnais, le congrès a été accueilli dans la seconde ville de France de la façon la plus cordiale, et ses travaux y ont été suivis avec une attention soutenue. C’est à l’hôtel de ville que les sociétaires se sont réunis. M. de Quatrefages, qui présidait, lut un discours plein de réflexions élevées et judicieuses sur la nécessité d’accorder dans la conduite des affaires et de la vie une plus grande place à la science, sur le besoin impérieux de substituer en France des habitudes graves et laborieuses à la funeste légèreté qui nous a perdus. « Avec la patrie pour but, la science pour moyen, le passé pour leçon, l’avenir pour espérance, n’oublions rien, dit-il, et travaillons ! » Travaillons, oui, c’est bien aujourd’hui le mot de toutes les questions. Les rapports lus par M. Gariel et par M. George Masson sur l’état actuel de l’association témoignent que le nombre des hommes disposés à l’encourager dans la voie marquée par son président s’accroît rapidement depuis qu’elle existe. On comptait au congrès de Lyon près de 400 membres, parmi lesquels une vingtaine de savans étrangers. C’est avec l’un de ceux-ci, M. Carl Vogt, que nous entrerons en matière.

M. Vogt est le type du savant cosmopolite. Il est né en Allemagne, d’où il a été exilé pour des raisons politiques, et il ne marque point de partialité pour son pays natal. Il a vécu à Paris et fréquenté nos savans, qu’il semble affectionner ; il a même écrit récemment en faveur de la France et de l’esprit français des pages énergiques, éloquentes. Il a beaucoup voyagé par le monde entier, en naturaliste surtout, en touriste souvent. Enfin il professe aujourd’hui l’histoire naturelle à l’académie de Genève, et il compte parmi les hauts personnages du gouvernement helvétique. C’est un homme d’une érudition germanique, à laquelle il joint une lucidité d’esprit française et des convictions philosophiques qu’il exprime avec une liberté de parole singulièrement audacieuse. Ses écrits, consacrés aux plus obscures questions, aux plus délicates controverses de l’ethnologie, de l’anthropologie et de la physiologie, résolvent tout sans pitié au détriment de la tradition et de la métaphysique. C’est un de ces apôtres convaincus et passionnés de la science expérimentale, au gré desquels il n’y a rien à conserver des sentimens et des idées qui ont été durant de longs siècles la forte sève de l’humanité.

La communication la plus attachante de M. Vogt a été une conférence publique sur les volcans faite dans la grande salle du Palais du Commerce. La majorité des géologues avait admis jusqu’ici que