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la diète de Prague, soit au Reichsrath de Vienne, disparaissent pour ainsi dire de la surface officielle ; ils n’en cessent pas moins de remuer les profondeurs de la nation, et le gouvernement est intéressé à ne pas creuser entre eux et lui un abîme dans lequel pourraient se perdre les espérances d’accord et de pacification morale.

D’après le point de vue où les Tchèques se sont placés, il était naturel de les voir s’opposer à une réforme électorale qui a pour but de fortifier l’action ? du Reichsrath et l’influence du parti centraliste. Aussi tous les journaux tchèques firent-ils au projet du gouvernement l’opposition la plus vive. Quant à leurs députés au Reichsrath, ils refusèrent de se rendre à cette assemblée, et furent, en raison de cette abstention systématique, considérés comme démissionnaires. Le parti national de Bohême n’a donc pris aucune part à la réforme électorale, et cette importante question a été réglée sans aucun concours direct ou indirect de l’élément tchèque ; nous allons voir qu’il en a été de même en ce qui touche la Galicie.

Si l’opposition des Polonais de Galicie n’a pas été aussi ardente que celle des Tchèques de Bohême, elle n’en a pas moins présenté un caractère très accentué. Les Polonais ne demandent pas le renversement de la constitution de 1867, et ils ne font pas au dualisme des objections absolues, mais ils réclament pour leur province une extension d’autonomie considérable. Le 20 septembre 1868, la diète de Lemberg formula ses demandes dans une résolution qui contenait les cinq points suivants : 1° l’élection des députés de la diète au Reichsrath, leur nombre, le mode électoral et la durée de leur mandat, seraient fixés par la législation du pays ; les élections directes pour le Reichsrath ne seraient jamais acceptées pour la Galicie ; 2° on soustrairait à la compétence du Reichsrath, pour les faire rentrer dans les attributions de la diète, le règlement des questions commerciales, la législation sur les institutions de crédit et d’assurance, sur l’indigénat et la police des étrangers, sur la propriété intellectuelle, sur les universités, sur les principes généraux de l’organisation judiciaire et administrative ; 3° la députation de la diète ne prendrait part aux débats du Reichsrath que pour les affaires communes à la Galicie et aux autres pays représentés dans cette assemblée ; 4° il serait distrait des fonds de l’état une somme répondant aux besoins réels du pays et mise à la disposition de la diète ; 5° en ce qui concerne l’administration, la justice, les cultes, l’instruction, les intérêts agricoles et la sûreté publique, la Galicie recevrait un gouvernement distinct, sous la direction d’un chancelier ou ministre spécial ; le gouvernement serait responsable devant la diète de l’exécution des lois du pays.

Les Polonais de Galicie ont renouvelé plusieurs fois ces revendications ; cependant ils n’ont pas retiré leur concours au gouvernement