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générations, tracée au point de vue de l’intelligence, de la moralité, de la force, de la santé, de la longévité, du rang social, contient en puissance une partie de sa propre histoire à lui. L’examen de la tête peut procurer aussi des indications du plus grand prix. Il a été établi bien avant Gall, et il reste établi, en dehors des exagérations de Gall, que la forme de la tête révèle dans une certaine mesure le degré de la valeur mentale de l’homme. Dès l’antiquité la plus reculée, la sagacité populaire avait remarqué la relation qui existe entre une tête volumineuse et des capacités supérieures, et le langage est plein de locutions qui attestent la justesse de cette relation. Périclès excitait déjà l’étonnement des Athéniens à cause du volume extraordinaire de sa tête. Cromwell, Descartes, Leibniz, Voltaire, Byron, Goethe, Talleyrand, Napoléon, Cuvier, etc., avaient des têtes énormes. On sait que le cerveau de Cuvier pesait 1,829 grammes, tandis que le poids moyen du cerveau des Européens est, d’après M. Broca, de 1,350 à 1,400 grammes. M. Sédillot regrette qu’on ne possède pas et voudrait qu’on se préoccupât de prendre la mesure des diverses dimensions du crâne chez les hommes notoirement connus par des aptitudes déterminées, afin de rechercher les rapports si utiles à connaître qui pourraient exister entre ces dimensions et ces aptitudes. Du moins on sait d’une façon générale quels caractères et quelles proportions du crâne correspondent aux divers degrés d’activité cérébrale. La plupart des anthropologistes reconnaissent que l’homme dont la tête ne présente pas 50 centimètres de circonférence horizontale est (presque forcément médiocre et que celui chez qui cette circonférence atteint ou dépasse 58 centimètres a beaucoup de chances pour être très supérieur. On cite, il est vrai, quelques exemples d’hommes célèbres dont la tête était petite, mais il s’agit alors d’hommes distingués dans une spécialité fort restreinte. Ces dimensions ne constituent d’ailleurs qu’un des indices extérieurs par où il est possible de déterminer approximativement la valeur intellectuelle de l’individu. Il importe de considérer d’autre part la forme d’ensemble et les proportions relatives des diverses régions du crâne, c’est-à-dire l’harmonie qu’on appelle beauté. Un moyen facile, d’après M. Sédillot, d’apprécier la conformation de la tête est de la regarder de côté ou de profil, et un peu d’arrière en avant. On est immédiatement frappé des rapports de hauteur et de largeur du front et de la tempe avec la face, et l’on voit nettement les proportions relatives des contours antérieur ou frontal et postérieur ou occipital de la tête. Toute personne dont les arcades sourcilières sont saillantes, les tempes découvertes, droites où presque verticales et élevées, dont le front est large et haut, dont la physionomie n’est ni égarée, ni endormie, peut être considérée en général comme