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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 juillet 1873.

Voici donc l’heure des vacances parlementaires venue. Aussi bien on n’est guère pour le moment aux débats retentissans, aux joutes de tribune, aux excitations de la politique. La moisson a commencé dans les campagnes, les gerbes retombent sur les sillons, la terre livre ses fruits. Cette ruche laborieuse qui s’appelle la France est tout entière à son œuvre, sous un soleil torride. S’il y a eu des temps où les feux de l’été ont allumé, éclairé des révolutions, aujourd’hui ils n’enflamment pas les imaginations, ils ne font qu’ajouter à ce sentiment de fatigue et à ce besoin de repos qui sont partout, et qui depuis quelques jours envahissaient visiblement l’assemblée même de Versailles. La prorogation était dans l’air. Les députés avaient hâte de s’en aller, de regagner les champs, les bains de mer, la maison de famille au fond des provinces, les conseils-généraux, qui s’ouvriront prochainement, et dans ces derniers jours ils ont abattu plus de besogne législative qu’ils ne l’ont fait dans toute une session. Réorganisation de l’armée, création d’aumôniers militaires, construction d’église, mesures préventives à l’égard de ceux qui seraient tentés de faire des campagnes pour la dissolution de l’assemblée, rétablissement des anciens traités de commerce, abrogation de l’impôt sur les matières premières, de la surtaxe de pavillon, expédiens financiers en attendant le budget, tout y a passé. Enfin, l’heure du départ est venue ; M. le président de la république, qui ne parle pas beaucoup, qui ne fait guère parler de lui, a dit le dernier mot, par un message très simple, très digne, où il a pris soin de rassurer l’assemblée en lui garantissant le maintien de l’ordre public, en lui montrant le pays tranquille, en paix avec lui-même et avec tout le monde, la France recouvrant sa liberté par cette retraite d’une armée étrangère qui s’accomplit aujourd’hui, qui sera définitive et absolue dans un mois : « œuvre du patriotisme de tous, a dit M. le maréchal de Mac-Mahon, que mon prédécesseur a puissamment contribué, par d’habiles négociations, à préparer. » Voilà du moins un bulletin rassurant pour clore une session qui finit plus pacifiquement qu’elle n’avait commencé, en laissant, il est