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de son action progressive, mérite la préférence; ses puissantes rivales fracassent, disloquent, pulvérisent tout dans le voisinage immédiat de la charge, mais ne déplacent point la masse, et des expériences comparatives faites sur la roche tendre ont mis hors de doute la supériorité de la poudre ordinaire dans ce cas spécial. Pour ce qui est de la roche dure, il y a un réel avantage à combiner l’emploi du fulmi-coton et de la dynamite avec celui de la poudre. Les deux premiers agens, plus violens, servent à préparer les voies au troisième, qui, plus lent et plus mesuré, disjoint et déplace les matériaux déjà ébranlés et entamés. C’est donc à tort que quelques personnes ont pu croire que la dynamite prendrait la place de la poudre de mine. Il n’en est rien, et le contraire est arrivé en Allemagne, où la consommation de la poudre a augmenté depuis qu’on y fabrique de la dynamite. Beaucoup de gisemens dédaignés et de mines abandonnées y sont devenus l’objet d’exploitations où l’emploi simultané de la dynamite et de la poudre crée évidemment un débouché à cette dernière. C’est ainsi que souvent la concurrence profite aux deux partis.

La poudre au salpêtre garde en présence des nouvelles-venues non pas seulement une partie, mais la totalité de ses anciens avantages pour la charge des armes à feu. Jusqu’ici on n’a pas trouvé de composition dont la valeur moyenne l’emporte en définitive sur celle de la poudre noire pour lancer des projectiles sans trop détériorer les armes. Toutefois il y a lieu de penser que pour le chargement des projectiles creux, — bombes, obus, grenades, — et pour celui des engins explosifs sous-marins, — torpilles, bouées, — une préparation plus puissante et plus économique sera incessamment et définitivement substituée à celle qui est encore en usage. Probablement adoptera-t-on dans ce dessein l’une des compositions nombreuses à base de picrate de potasse ou de picrate d’ammoniaque. Ces dernières rendent déjà, paraît-il, d’excellens services à la pyrotechnie. Le picrate d’ammoniaque mélangé au picrate de fer, au nitrate de baryte, au nitrate de strontiane, sert à confectionner des fusées jaune d’or, vertes, rouges, qui brûlent plus lentement que les fusées ordinaires et avec un éclat plus vif.

Au point de vue de la fabrication, le fulmi-coton est la seule substance qu’on puisse préparer pour ainsi dire sans risque d’explosion. Ce n’est guère qu’au moment où on la dessèche qu’elle peut spontanément détoner. Dans la confection des poudres au salpêtre et au picrate, il y a danger d’explosion presqu’à toutes les phases du travail, à partir de l’instant où les ingrédiens sont mélangés. Il en est de même dans celle de la nitroglycérine. Les chances d’explosion, aujourd’hui singulièrement diminuées par le soin et