Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 106.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au même instant par la division Faron sur les hauteurs de Champigny, de Cœuilly et de Chennevières. Le général La Mariouse, particulièrement chargé de ce dernier mouvement, s’était hâté de lancer au-delà de Champigny deux bataillons du 35e de ligne qui gagnaient rapidement le sommet des coteaux. Le général Faron, ne croyant pas sans doute ces forces suffisantes, avait successivement poussé en avant le dernier bataillon du 35e, qui avait été laissé en réserve, le 42e de ligne tout entier, le 114e, les mobiles de la Vendée, qui allaient s’agglomérer sur les hauteurs.

Ici il y avait à enlever une position à peu près semblable à celle de Villiers, c’était le parc de Cœuilly où l’ennemi se trouvait aussi fortement retranché à l’abri de murs crénelés, sous la protection de ses batteries. Plusieurs fois on se lançait contre le parc de Cœuilly, on échouait toujours[1]. De plus on n’avait pas réfléchi à une chose : cette accumulation de troupes sur un espace assez resserré offrait comme une proie facile au feu de l’ennemi, qui faisait dans nos rangs de cruels ravages, qui empêchait nos batteries de venir prendre position de ce côté, et qui finissait par produire une véritable panique parmi les mobiles de la Vendée, rejetés confusément à travers les pentes. Malgré tout, on n’était nullement menacé sur cette partie du plateau. Le 42e, un des vaillans régimens du siège, montrait la plus énergique solidité, et à sa tête tombait frappé à mort un jeune et brillant officier, le colonel Prevault, qui le commandait depuis la veille. Le 35e ne déployait pas moins de fermeté et d’ardeur ; déjà même un de ses bataillons sous

  1. C’est sans doute à une de ces attaques que se rapporte ce que dit une relation allemande de la bataille de Villiers, publiée depuis à Darmstadt : « Le colonel de Berger, commandant du régiment (wurtembergeois), et le major Schaffer, grièvement blessés, tombèrent à la tête de leurs troupes et tous les officiers montés eurent leurs chevaux tués sous eux. Le régiment fut repoussé jusqu’au parc de Cœuilly après avoir perdu 400 hommes, et le major Haldenwang, qui prit alors le commandement du régiment, n’eut que le temps de garnir le mur du parc et repoussa ainsi, avec des pertes considérables, l’infanterie française, qui avait suivi de près le mouvement rétrograde des troupes du 4e régiment… » Ainsi, 400 hommes sur un seul point et à un seul moment du combat ! Cela n’empêche pas l’auteur de ce récit d’estimer la perte totale de la division wurtembergeoise à 742 hommes, ce qui ne laisserait que 342 hommes pour Villiers et les autres parties du champ de bataille. Du reste, cette relation ne brille pas en général par l’exactitude dans l’évaluation des forces. Elle suppose que l’attaque de quatre heures s’est faite avec 25,000 hommes : c’est celle de la division Bellemare, qui ne comptait certes pas 25,000 hommes, il s’en faut de moitié, et encore toute la division n’a-t-elle pas donné. La vérité est qu’à la bataille de Villiers les forces n’étaient pas aussi inégales qu’on l’a dit. Du côté allemand, il y avait pour sûr la division wurtembergeoise et au moins une grande partie d’une division saxonne. Du côté français, sauf la division Bellemare qui ne vint que plus tard, il n’y eut de bien sérieusement engagées que la division Maussion ou Courty et la division Faron. Aucune de ces divisions n’égalait en effectif la division wurtembergeoise, qui comptait six régimens d’infanterie et trois bataillons de chasseurs, le tout formant trois brigades.