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principalement d’officiers de marine en communication directe avec le gouvernement central au Louvre. Pour la défense extérieure, six forts avaient été confiés à la marine, — trois au nord-est, Romainville, Noisy, Rosny, groupés sous le contre-amiral Saisset, — trois au sud, Ivry, Bicêtre, Montrouge, réunis sous le contre-amiral Pothuau, les uns et les autres sous la direction supérieure du vice-amiral La Roncière Le Noury, chargé dès l’origine du commandement de tous les marins du siège. Les autres forts avaient pour défenseurs des gardes mobiles et des compagnies de marche improvisées.

Ce qu’on pouvait appeler l’armée active se composait du 13e corps avec les divisions Blanchard, d’Exéa, Maud’huy, et du 14e corps du général Renault avec les divisions de Caussade, d’Hugues, de Maussion. Ces deux corps formaient un ensemble de 50,000 hommes qu’on pouvait grossir avec un peu de temps de quelques dépôts, des hommes de la classe de 1870 et des échappés de l’armée du Rhin ou de Sedan. Ce n’était pas tout encore, il est vrai, on avait fait venir quatre-vingt-dix bataillons de gardes mobiles de province, un peu plus de 100,000 hommes tirés de vingt-cinq départemens de toutes les régions de la France, et on travaillait à constituer la garde nationale nouvelle de Paris ; mais dans tout cela il y avait plus d’apparence que de réalité. L’armée régulière elle-même était novice, troublée, peu aguerrie ; elle ne comptait que deux vieux régimens du 13e corps, le 35e et le 42e dont Vinoy venait de se servir bravement dans sa retraite, et qui sont restés le nerf et l’honneur du siège. La garde mobile n’était ni équipée, ni sérieusement armée, elle n’avait aucune habitude militaire, et le gouvernement ajoutait à la confusion par un absurde décret contre lequel le général Trochu se débattait vainement, qui ébranlait le peu de discipline qu’il y avait en mettant tous les grades à l’élection. Quant à la garde nationale parisienne, elle en était encore à s’organiser ou à se désorganiser, comme on voudra, reflétant les impressions et les mobilités d’une ville fiévreuse qui assistait à l’enfantement ou au débrouillement de sa propre défense.

Cependant l’ennemi s’approchait d’heure en heure par toutes les routes. Il n’avait pas perdu de temps. La capitulation de Sedan avait été signée le 2 septembre avant midi, et une demi-heure après partaient du quartier-général du roi de Prusse les premiers ordres pour la marche sur Paris. Le VIe corps prussien, qui n’avait pu arriver assez tôt pour combattre à Sedan, et la 5e division de cavalerie, prenaient la tête du mouvement dirigé sur Reims. Le 4 septembre, les forces allemandes s’ébranlaient en deux armées, — l’une, formée après les affaires de Metz sous le nom d’armée de