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Tout en haut du petit faubourg, nous avons trouvé ouverte la porte d’un jardin qu’a ses belles allées et à ses terrasses étagées en face de la Loire nous avons pris d’abord pour une promenade publique. Ce n’était pourtant que le jardin d’un simple particulier, dans lequel est enclavée la plus importante des deux tours encore subsistantes du château féodal. Tout ce qui reste de ce château se trouve aujourd’hui réparti entre différens propriétaires : M. Auguste Adam possède la grosse tour, M. Prudot possède la petite, un troisième bourgeois dont le nom m’échappe n’a pas de tour, mais en revanche il a pour lot un imposant morceau de maçonnerie qui n’est point à dédaigner. Sic transeunt gubernationes mundi.


II. — NEVERS. — LE PALAIS DUCAL ET L’HISTOIRE DU CHEVALIER DU CYGNE.

Nous ne devons pas nous attendre à rencontrer en Nivernais l’abondance de monumens et de souvenirs à laquelle la Bourgogne nous a habitués. A aucun moment de notre existence nationale, le Nivernais n’a joué de rôle décisif ; rien de général ni en bien ni en mal ne se relie à sa vie, presque tout entière locale. Les circonstances historiques, qui n’ont jamais été pour cette province ni positivement favorables ni positivement défavorables, lui ont fait une sorte de destinée moyenne qui, en la protégeant contre les maux dont les provinces limitrophes étaient accablées, lui en ont en même temps interdit les grandeurs. La nature et l’histoire ont un peu agi de concert pour le Nivernais, comme ces parens qui, sans être cruels pour tel de leurs enfans, n’ont jamais jeté sur lui que des regards de sécheresse et déposé sur son front que des baisers sans amour. L’enfant ainsi élevé n’en grandit pas moins ; il en devient même quelquefois d’autant plus industrieux, plus laborieux, plus énergique, et c’est là le cas du Nivernais ; mais il y a cent à parier contre un qu’il lui manquera toujours cette force d’expansion dont le germe premier est dans la vivifiante chaleur