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a donc, comme sa flore, un cachet essentiellement européen. Un seul des oiseaux qui en font partie doit être rattaché à l’Amérique, c’est un thalassidrome, oiseau de haute mer, qui fréquente particulièrement la région nord-ouest de l’Atlantique. Cependant, si les oiseaux des Açores peuvent être rapportés à des espèces d’Europe, on doit remarquer qu’ils se montrent toujours à l’état de variétés plus ou moins éloignées des types fondamentaux ; ils diffèrent généralement de leurs congénères de l’ancien continent par leur plumage plus foncé, par leur bec et leurs jambes plus robustes. Notons aussi que la distribution des oiseaux entre les divers. groupes de l’archipel offre les mêmes particularités que la distribution des plantes. Dans le groupe insulaire oriental, on en a recueilli 40 espèces, 36 dans le groupe moyen, 29 dans le groupe occidental ; le nombre des espèces diminue donc de l’est à l’ouest, à mesure qu’on s’éloigne de l’Europe.

Les espèces qui figurent comme gibier sur les marchés sont la bécasse, la perdrix rouge, la caille, le pigeon ramier, la bécassine et quelques palmipèdes. La caille, très abondante. à San-Miguel depuis novembre jusqu’en mars, est maigre ; elle n’a aucune des qualités alimentaires qui distinguent les individus de cette espèce que l’on chasse en France. La perdrix rouge, assez commune à Santa-Maria, a été introduite aux Açores par Ruy Gonçalès de Caméra, le même auquel on doit la culture du pastel. On rapporte que ce capitaine donataire avait importé aussi la gelinotte, qui a disparu depuis.

La considération de la classe des insectes conduit, relativement aux affinités de la faune, à des résultats analogues à ceux qui ont été précédemment déduits de l’examen des oiseaux : 212 espèces de coléoptères ont été trouvées aux Açores ; sur ce nombre, 175 espèces sont européennes et pour la plupart identiques à des espèces du centre de la France ; un petit nombre seulement habite nos départemens méridionaux. « En les voyant rangés dans les vitrines d’une collection, on pourrait penser, dit Drouet, que, sauf quelques exceptions, tous ces insectes proviennent d’une chasse aux environs de Lyon, Troyes ou Dijon. » Parmi les 37 espèces qui restent, 19 se rencontrent à Madère, aux Canaries ou dans ces deux archipels à la fois ; 3 appartiennent à l’Amérique du Sud, une à Madagascar ; 14 n’ont pas encore été observées en dehors des Açores[1]. Tous les lépidoptères diurnes, sauf un seul, sont européens.

  1. Les espèces américaines sont les suivantes : œolus melliculus, monocrepidius posticus, tœniotes scalaris ; l’espèce africaine est l’elastrus dolosus.