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800 espèces de plantes arborescentes. Le nombre des espèces dont l’introduction a été tentée par M. José do Canto est encore plus considérable.

Parmi les essais d’acclimatation végétale qui ont eu lieu aux Açores, l’un des plus intéressans est celui des quinquinas de la Nouvelle-Grenade. Après bien des efforts infructueux, M. José do Canto a reconnu que ces arbres se développaient très bien à San-Miguel, à la condition d’être plantés à une hauteur d’environ 200 mètres au-dessus du niveau de la mer et d’être abrités contre la violence des vents. Une plantation installée dans ces conditions près du pic de Pedras est aujourd’hui en pleine voie de prospérité. Une autre culture tentée également avec succès est celle du lin de la Nouvelle-Zélande (phormium tenax). Dans quelques années, la fibre textile extraite de cette plante fera concurrence au lin du pays. Enfin l’arbrisseau qui fournit le thé pousse admirablement dans les jardins de Ponta-Delgada. La culture en est facile ; il ne reste plus qu’à connaître exactement les conditions de la récolte avant de songer à le multiplier en grand.

Jusqu’à présent, le pin maritime, le laurier des Indes et le peuplier d’Europe ont seuls fourni le bois des caisses d’oranges ; mais ils ne tarderont pas à être remplacés en partie par le cryptomeria, l’eucalyptus et l’acacia. Il existe déjà de très belles plantations de ces trois essences. L’une des plus anciennes, celle du lac de Congro, a été commencée il y a vingt-sept ans, et elle renferme des eucalyptus qui ont actuellement environ 40 mètres d’élévation, et des cryptomeria dont la hauteur n’est guère moindre. Toutefois le pin maritime est encore l’arbre qui paraît le mieux convenir au climat des Açores : il pousse dans les endroits les plus stériles et les plus exposés à l’action des vents ; il végète très bien près du niveau de la mer et mieux encore à des altitudes de 600 à 800 mètres. Un arbre de cette essence, planté il y a cinquante ans près de Ribeira-Grande, a maintenant atteint une hauteur considérable et un diamètre de 1 mètre 20 centimètres. L’écorce de cet arbre, comme celle d’un jeune pin, porte encore l’empreinte intacte des feuilles qui s’en sont détachées. Le pin maritime paraît du reste aussi résineux aux Açores que sur le continent ; les expériences faites tout récemment à ce dernier point de vue sont des plus satisfaisantes. Les plantations opérées dans certains districts ponceux de San-Miguel y ont complètement modifié la nature de la végétation. Autrefois sur les ponces s’étendait une couche uniforme et épaisse de mousses humides. Les racines des plus ont traversé un lit argileux imperméable étendu sous la ponce ; ils ont soutiré l’humidité qui était nécessaire au maintien des mousses, et