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rareté des rosacées, dont une tribu, celle des pomacées (pommier, poirier, etc. ), fait complètement défaut, et dont une autre tribu, celle des drupacées (pêcher, cerisier), ne fournit qu’une seule espèce (prunus lusitanica) ; mais la singularité la plus grande encore est la manière dont la famille des amentacées figure dans cet ensemble de plantes. L’important groupe des arbres à chatons, auquel appartiennent le chêne, le hêtre et la plupart des essences forestières de l’Europe, n’est représenté aux Açores que par le faya, dont les caractères botaniques. ne sont pour ainsi dire qu’une image défigurée de ceux qu’affecte l’ensemble de la famille. Il n’existe actuellement aux Açores aucune espèce arborescente indigène capable d’acquérir une grande hauteur ou un diamètre considérable ; mais antérieurement à plusieurs des grandes éruptions qui ont eu lieu longtemps avant la découverte dés îles il a existé, au moins à San-Miguel, des arbres volumineux. A Sete-Cidade, dans la partie ouest de l’île, on voit, sous une couche de ponces de plus de 30 mètres d’épaisseur, des troncs d’arbres dont l’un après de 1 mètre de diamètre. La végétation du pays date du reste certainement d’une époque extrêmement reculée, car au pied de la cascade dont les eaux débouchent dans le lac de Furnas W. Reiss a signalé une couche de lignite d’environ 1 décimètre d’épaisseur recouverte par une série d’assises de laves de plus de 200 mètres de puissance totale. L’imagination recule quand on songe au nombre de siècles qui se sont probablement écoulés depuis l’enfouissement de cette assise végétale. L’étude détaillée des débris organiques de ce lignite serait très intéressante : elle mettrait peut-être sur la voie du procédé que la nature a employé pour relier les plantes des Açores à celles de l’Europe, et fournirait le moyen de résoudre plus d’un problème de détermination botanique aujourd’hui laissé en suspens.

Parmi les plantes açoriennes regardées comme indigènes, la plupart de celles qui ont été rapportées à des espèces d’Europe se distinguent de leurs congénères du continent par certaines différences de forme, de coloration ou même de structure qui les font considérer comme appartenant à des variétés spéciales. Quelquefois ces différences sont si importantes et tellement constantes que les botanistes se sont trouvés dans le plus grand embarras pour décider s’ils avaient affaire à des espèces très voisines ou à de simples variétés très éloignées.

Les îles de l’archipel des Açores se divisent, au point de vue de la flore aussi bien qu’au point de vue de leur distribution géographique, en trois groupes principaux. Le groupe oriental, constitué par San-Miguel et Santa-Maria, est celui qui offre la végétation la