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grosses caisses et aux couvercles bombés. La caisse actuelle est sans exception rectangulaire sur toutes ses faces : elle a 1 mètre de long, 50 centimètres de large et 20 centimètres d’épaisseur ; la capacité est à peu près moitié de celle de l’ancienne. Elle est divisée en trois compartimens par deux solides cloisons, et entourée de trois bandes en châtaignier. Les frais de récolte, de transport à la ville, de magasinage, le prix des feuilles de maïs, l’emballage, la caisse, les frais d’embarquement, les droits d’exportation, s’élèvent en tout à environ 3 francs 50 cent. (700 reis) par caisse. Le droit de stationnement dans le port, pour les navires dans lesquels on charge les oranges, représente en outre 1 franc par caisse. Le prix de la caisse d’oranges varie considérablement pendant la durée de la saison : généralement il augmente beaucoup vers le mois d’avril et de mai ; alors il double, quelquefois même il triple. D’une année à l’autre, le prix moyen varie aussi dans des limites très étendues. La concurrence faite sur la place de Londres par les oranges étrangères, l’état de la saison, la spéculation et une foule d’autres causes influent sur le marché. Il y a quelques années, les oranges prises sur l’arbre se sont vendues à San-Miguel, en pleine saison, jusqu’à 25 francs le 1,000, les frais de cueillette, d’emballage et de transport étant à la charge de l’acheteur ; l’an dernier, dans les mêmes conditions, le prix moyen n’a été que de 9 francs.

En 1840, le nombre des caisses d’oranges expédiées de San-Miguel en Angleterre était seulement de 60,000 à 80,000 ; en 1850, il s’est élevé à 175,000 (anciennes caisses), et l’an dernier à environ 600,000 (nouvelles caisses). Le transport se faisait autrefois exclusivement par navires à voiles ; mais déjà près de la moitié du transport a lieu par bateaux à vapeur. Le prix du fret jusqu’à Londres par cette voie est de 7 fr. 50 cent, par caisse ; tout fait espérer qu’un prix aussi élevé ne tardera pas à s’abaisser. Les bateaux à vapeur chargés de ce service font huit voyages en Angleterre du 15 novembre à la fin d’avril : chacun d’eux emporte en moyenne 5,000 caisses. L’application de ce système de navigation constitue un très grand progrès, car la mer est si souvent mauvaise pendant l’hiver dans les parages des Açores que souvent un navire à voiles chargé d’oranges n’arrive à Londres qu’avec la majeure partie de sa cargaison détériorée. Depuis dix ans environ, en avant de Ponta-Delgada, on travaille à la construction d’un môle derrière lequel les bâtimens peuvent déjà se mettre en sûreté pendant les gros temps ; mais un bateau à vapeur peut seul sortir de ce refuge par le vent sud-ouest, qui malheureusement est le vent dominant, et il n’est pas rare qu’un navire à voiles dont le chargement est achevé soit obligé, au grand détriment de sa marchandise,