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comprend le café, le tabac en feuilles, le vin, le riz, les fruits secs, les harengs, l’eau-de-vie, le rhum, le cacao, le thé, les fromages, les cigares, les confitures, le beurre, la bière et le poisson, soit une recette brute de 85 millions par an. Citons aussi le chapitre des laines et cotons (fils et tissus), qui donne de 14 à 15 millions, et celui des fers bruts et ouvrés, dont le produit est de 6 millions.

Antérieurement à la guerre franco-allemande, le Reichstag avait pris pour règle de n’admettre aucune réforme de tarif susceptible d’amoindrir le rendement de l’impôt, et même de remplacer par des taxes fiscales les rares droits protecteurs qui existaient encore et que la nécessité commanderait d’abolir. Cependant, à défaut d’une réduction de revenu, que l’on persiste à déclarer impraticable même avec l’appoint de l’indemnité française, les hommes politiques demandent aujourd’hui la révision de certaines parties de ce tarif, comme témoignage des bonnes dispositions de l’empire pour ses nouveaux sujets, et au premier rang ils placent : 1° la suppression des taxes qui frappent le beurre, le porc, le hareng, le riz et divers autres objets entrant dans la consommation générale, 2° la diminution des droits excessifs que paient le poivre et les articles d’épicerie ordinaire, 3° la surimposition des denrées à l’usage exclusif des familles aisées, de façon que les nouvelles taxes atteignent au moins 50 pour 100 de la valeur vénale des marchandises, 4° l’abolition de l’impôt du sel, et tout au moins une réduction considérable du droit d’entrée, sauf à compenser la moins-value par une aggravation du tarif en ce qui concerne d’autres objets, notamment le café, 5° enfin une péréquation de l’impôt du sucre, par la diminution simultanée du droit de douane et de la taxe de fabrication. En quelques années, la consommation du sucre dans le Zollverein s’est élevée de 5 à 11 livres par tête, et l’opinion s’autorise de ce fait pour demander un dégrèvement qui assure à la production de nouveaux débouchés, et au trésor un surcroît de ressources. Toutes ces réformes eussent été impossibles dans l’ancienne organisation de l’Allemagne, mais sous la constitution de 1867, et surtout depuis la restauration de l’empire, elles doivent rencontrer peu d’obstacles. Les adversaires de l’impôt du sel ont déjà trouvé dans le Reichstag, une majorité suffisante pour menacer sérieusement cette branche essentielle du revenu public. Dès 1867, on avait aboli le monopole, et substitué aux taxes multiples perçues par les états un droit unique de 15 francs par quintal, mais l’uniformité n’avait point supprimé les inconvéniens attachés à ce genre particulier de capitation. En même temps que le tarif subissait une légère réduction pour la Prusse, il était sensiblement aggravé pour le duché de Bade, et si la consommation s’est maintenue dans quelques états