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des discussions passionnées, et tout récemment encore une feuille militaire[1], à laquelle on prête des attaches officielles, publiait un article étendu ou, précisément à l’occasion du budget de la guerre, le particularisme bavarois est fort malmené. Nul doute qu’il n’y ait là pour un avenir prochain le germe de très grandes difficultés entre le suzerain et le vassal.

Les 36 millions consacrés à la marine ont pour objet la défense des côtes et la construction de navires cuirassés. D’autres sommes relativement considérables ont été prélevées avec la même destination sur le montant de l’indemnité française. On sait qu’une loi de 1867, fondée sur le principe du service obligatoire, organise le recrutement des équipages, et les divise en deux parties : la flotte, c’est-à-dire l’armée active, et la défense maritime, c’est-à-dire la landwehr. Tout marin est tenu de servir dans la flotte durant sept années, dont trois d’une manière non interrompue et quatre comme réserviste ; il appartient ensuite pendant cinq ans à la défense maritime. Toutefois, en raison des aptitudes spéciales que possèdent déjà la plupart des appelés, on peut les congédier après un an de présence à bord. Les engagemens volontaires sont autorisés après examens pour former les officiers et sous-officiers de la réserve. Les engagés servent pendant une année, mais ils ne sont point tenus de s’habiller à leurs frais, ce qui permet aux examinateurs d’admettre au volontariat beaucoup de sujets distingués qui ne pourraient entrer au même titre dans l’armée de terre.

Les intérêts de la dette ne prennent que la somme de 2,648,000 fr. applicable exclusivement aux obligations contractées avant la guerre. Dès 1867, le Reichstag, usant de son droit constitutionnel de faire appel au crédit, avait autorisé le gouvernement à émettre pour les dépenses extraordinaires de la marine un emprunt de 37 millions, qui fut porté en 1869 à 64 millions. Cette double négociation se fit en bons du trésor, parce que les valeurs de cette nature offraient l’avantage d’utiliser les capitaux provisoirement disponibles et de ne comporter qu’un faible intérêt. Plusieurs émissions eurent lieu successivement au taux de 3 1/2 et à l’échéance maxima d’un an ; on estime aujourd’hui qu’elles ont coûté 1 ou 1 1/2 pour 100 moins cher que la création de rentes consolidées : aussi a-t-il été entendu que l’amortissement des bons serait ajourné jusqu’après l’extinction totale des engagemens beaucoup plus onéreux qu’il fallut souscrire pendant la guerre.

Le premier emprunt véritablement important date de la loi du

  1. Neue militär, Blätter. — Der bayerische Separatismus im deutschen Heerwesen, Leipzig 1872.