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matériel de l’artillerie, par l’amélioration des petits traitemens et de l’ordinaire des soldats, et par une augmentation sensible de l’effectif de présence en temps de paix. Ainsi une armée permanente de 400,000 hommes ne suffirait plus à l’empire, et les timides efforts que nous avons tentés pour reconstituer nos régimens lui porteraient déjà ombrage ! Libre à ses hommes d’état de nous prêter une pensée de revanche immédiate : c’est à nous de savoir s’il ne convient pas de prendre d’abord cette revanche sur nous-mêmes ; mais les « échos de France » disent que le gouvernement est tout entier à la libération du territoire, que la loi militaire est à peine ébauchée, que la première pierre de nos forteresses n’est point posée, et que la nation, dans ses masses profondes, se préoccupe de sa réorganisation et non du prince de Bismarck.

De tous les états que la constitution impériale a courbés sous le militarisme prussien, la Bavière saule a conservé le droit de régler l’importance de son effectif en temps de paix. Elle doit, à la vérité, donner à ses troupes une organisation identique à celle de l’armée allemande pour la formation, l’instruction, l’armement, l’équipement et les insignes de chaque grade, mais elle reste maîtresse de la question des contingens. Son budget est marqué au coin de cette situation équivoque, car, en même temps que la loi oblige le gouvernement de dépenser autant de fois 225 thalers qu’il compte d’hommes sous les drapeaux, elle lui laisse la faculté de répartir les crédits à sa guise et d’en contrôler l’emploi. Sans doute il ne lui serait point permis d’affecter les ressources de cette origine à des dépenses d’ordre civil, mais cette prohibition est purement morale, et reste dépourvue de sanction. Les autres états qui ont conservé une administration militaire distincte, — le royaume de Saxe, les deux duchés de Mecklembourg et le Wurtemberg, — relèvent entièrement du Reichstag, qui vote leur budget de la guerre et en vérifie les résultats après l’expiration de l’exercice. Toutefois le Wurtemberg a été l’objet d’une faveur spéciale : les économies qu’il peut réaliser sur ses dépenses annuelles lui sont acquises, au lieu, de profiter aux finances de l’empire, comme le voudrait la constitution fédérale. Sa situation serait donc au fond tout aussi privilégiée que celle de la Bavière, n’était le contrôle exercé par le Reichstag sur les faits et gestes de l’administration wurtembergeoise, et qui diminue singulièrement la portée de cette concession. Rien n’empêche le gouvernement bavarois d’opérer des viremens entre les crédits de la guerre et ceux de tout autre budget, puisqu’il n’a pas à redouter le blâme du parlement, puisqu’il ne rend point compte de l’emploi des fonds mis à sa disposition pour l’entretien de l’armée. Ce dernier vestige de son indépendance ne pouvait manquer de devenir un prétexte à