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nos frontières des forces suffisantes pour parer à toute éventualité de conflit.

En communiquant ces réformes au Reichstag, le gouvernement, d’accord avec le conseil fédéral, jugea l’occasion favorable pour demander l’augmentation du contingent de 225 thalers. Provisoirement, — on était alors à la fin de 1871, — il acceptait ce chiffre, parce qu’il espérait couvrir le déficit en n’appelant point aux exercices les soldats de la réserve, en retardant la levée des recrues dans l’Alsace-Lorraine, et en profitant des crédits rendus disponibles par les troupes d’occupation à la solde du trésor français ; mais à partir du 1er janvier 1873 il lui paraissait impossible de répondre aux nouvelles exigences de la situation avec les ressources du passé. « En effet, dirent ses délégués, quatre ans se sont écoulés depuis que l’on a fixé la capitation à 225 thalers, et le prix de toutes choses s’est accru au-delà des prévisions officielles. Le renchérissement de la viande et des denrées a nécessité une allocation supplémentaire de 10 centimes par homme pour l’ordinaire, et cette allocation même, devenue aujourd’hui insuffisante, doit être portée à la centimes, ce qui augmentera de 20 millions de francs les dépenses du budget annuel. En outre il est indispensable d’améliorer le pain de munition, fait exclusivement de son, parce que les troupes nouvellement admises dans l’armée allemande recevaient un pain confortable et qu’on ne peut soumettre à des régimes différens les soldats d’une même patrie. Le moment est venu aussi d’accroître la solde des grades inférieurs, pour donner aux officiers et aux employés militaires le moyen de vivre honorablement. Le prix de la main-d’œuvre et la valeur des matériaux ont tellement augmenté que les crédits antérieurs se trouvent hors de proportion avec les frais d’entretien des bâtimens et des forts. Enfin les dernières lois sur les pensions et sur les invalides de la guerre exigeront un supplément considérable de ressources[1]. » En résumé, le gouvernement réglait le budget de 1872 d’après la capitation ordinaire, toutefois sous le bénéfice des réserves exprimées pour le budget de 1873. Lorsque ce projet fut porté à la connaissance du Reichstag, on vit se produire deux contre-propositions, l’une de MM. Lasker et Stauffenberg, tendant à une réduction de 1,500,000 francs, l’autre de MM. Hoverbeck et Richter, organes du parti progressiste, pour retrancher un peu plus de 5 millions. MM. Lasker et Stauffenberg déposèrent en outre un article additionnel à la loi de finances, disant que l’effectif de 401,659 hommes serait considéré comme un maximum, et invitant le chancelier à

  1. Annalen des deutschen Reichs, 1873, N° 1.