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procédés de construction, le moyen pris entre autres pour établir les contre-forts à l’intérieur au lieu de les faire saillir au dehors, suivant la tradition de l’architecture ogivale, — tout révèle chez l’auteur de cette œuvre immense des mérites fort supérieurs sans doute aux simples facultés de la mémoire ; mais tout cela ne résulte-t-il pas aussi, ne se ressent-il pas manifestement du long et solide apprentissage fait par M. Vaudoyer en face des monumens de Rome et des monumens du midi de la France ? N’y a-t-il pas là le résumé et la mise en pratique des amples doctrines, des grands principes que l’artiste avait puisés jadis dans l’étude réfléchie de la méthode et du génie antiques ? Il lui arrivera bien parfois de chercher ailleurs ses modèles ou, tout au moins, de demander avis à des œuvres d’un caractère tout différent. Sans parler des beaux travaux de restauration qu’il a exécutés à Paris dans l’ancien prieuré de Saint-Martin-des-Champs, plusieurs des dessins exposés à l’École des Beaux-Arts sont des hommages rendus par lui à la délicatesse de notre art national au XVe et au XVIe siècle, et les charmans portraits en particulier de certaines maisons d’Orléans et de Blois montrent que, loin de se raidir dans les habitudes d’un esprit exclusif, M. Vaudoyer savait accepter tous les genres, de mérite et s’assouplir à toutes les tâches. Il n’en est pas moins vrai que ses inclinations naturelles comme ses préférences acquises le portaient à estimer partout dans l’art l’expression de la grandeur de la force, que, là même où il cherchait et trouvait la finesse, il ne dépouillait pas dans le style la fierté accoutumée de son goût. De là cette place à part qu’on a justement attribuée à M. Vaudoyer dans le groupe des architectes ses amis, — on dirait presque ses coreligionnaires, — qui personnifient le mouvement de notre école à partir des dernières années de la restauration.

On connaît l’esprit et l’objet de la réforme entreprise par ces novateurs, qui devaient bientôt devenir des maîtres et que les représentans officiels de la légitimité classique considéraient alors comme des séditieux. Les tentatives de Duban, de M. Labrouste, de M. Duc, n’avaient rien de commun avec les ambitions avouées de la nouvelle école de peinture et le parti-pris qu’elle affichait de chercher ses inspirations partout ailleurs que dans les souvenirs de l’antiquité. Loin de déclarer la guerre aux traditions grecques ou romaines, les architectes dont nous venons de rappeler les noms travaillaient au contraire à les faire d’autant mieux prévaloir que la signification intime en serait plus exactement comprise et l’influence moins subordonnée à l’emploi de certaines recettes, de certaines formules invariables. Ce qu’ils entendaient s’approprier par l’étude des grands monumens du passé, c’était le secret non