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travaux d’intérêt local. L’empereur n’a pas voulu tout prendre à ses alliés ; il s’est contenté de la meilleure part de leurs prérogatives et du plus clair de leurs revenus.

Le budget de la guerre appelle naturellement tout d’abord notre attention. Il est de 340 millions de francs, non compris le chapitre des pensions, qui s’élève à 46 millions, et dont l’indemnité française doit faire exclusivement les frais. On sait que la constitution des états du nord, acceptée en novembre 1870 par les plénipotentiaires du sud réunis à Versailles, fixe la composition de l’effectif de paix au centième de la population totale, et qu’elle règle la part contributive de chacun des gouvernemens alliés sur le pied de 225 thalers ou 843 francs par soldat. Cette disposition devait prendre fin à partir du 1er janvier 1872 ; mais elle a été prorogée pour trois années dans des circonstances que nous aurons bientôt à rappeler. Disons d’abord que l’effectif normal de l’armée allemande pour 1873 est de 401,659 hommes, de 93,742 chevaux, et qu’il peut être porté en cas de guerre à 1,301,397 hommes et 283,137 chevaux, chiffres qui ont été dépassés pendant la dernière campagne. En comparant cette situation avec celle de l’ancienne armée fédérale, on relève un accroissement considérable, car il ne comprend rien de moins que 5 corps d’armée, 33 régimens d’infanterie, 10 bataillons de chasseurs, 18 régimens de cavalerie, 8 régimens d’artillerie, 1 régiment du génie et 75 bataillons de landwehr. En outre on vient d’augmenter l’effectif des bataillons d’infanterie et de chasseurs, des batteries à pied et des compagnies d’ouvriers, ainsi que le nombre des chevaux de l’artillerie. Divers actes ont agrandi d’une manière sensible l’organisation du ministère de la guerre, de la trésorerie de l’armée, de l’état-major général, de l’adjudanture, et celle des établissemens militaires les plus importans, tels que l’académie de guerre, l’école de l’artillerie et du génie, l’école des cadets, l’école de pyrotechnie, les écoles des sous-officiers, les écoles de tir, l’école de cavalerie, le gymnase-central, les fabriques d’armes, les fonderies de canons, l’institut de médecine et de chirurgie. On a établi à Metz une école de guerre et une poudrerie, à Strasbourg un arsenal d’artillerie. Les forteresses cédées par la France et celles qui appartenaient aux états du sud de l’Allemagne ont reçu un nombreux état-major de commandans et de fonctionnaires. Enfin le ministère de la guerre a été autorisé à prélever sur les versemens de l’indemnité une somme de 148 millions. pour mettre rapidement la province d’Alsace-Lorraine sur un pied de défense formidable, et à ce propos une pièce officielle que nous avons sous les yeux déclare expressément que, le jour où cessera l’occupation du territoire français, l’empire devra échelonner sur