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de l’école, mais diable incarné quand elle se retrouve au foyer domestique.

En général on ne peut être admis à visiter un gymnase sans la haute autorisation du prince d’Oldenbourg. Grâce à mon titre de professeur français, le natchalnik de Saint-Pétersbourg, M. Osinine, et plus tard celui de Moscou, M. Vinogradof, ont gracieusement consenti à me faire passer sur les formalités ; bien plus ils ont offert de me guider eux-mêmes. Ces établissemens dont ils me faisaient les honneurs, ils en étaient non-seulement les administrateurs, mais encore les créateurs ; c’était leur œuvre propre qu’ils me détaillaient ainsi pièce à pièce.

La plupart des gymnases de Saint-Pétersbourg occupent de vastes édifices nouvellement construits ou restaurés, mais il n’y a pas si longtemps qu’ils jouissent de cette fortune ; presque tous se sont établis à leurs débuts dans des maisons particulières qui répondaient mal aux exigences d’une école. C’est le 2 (15) septembre 1872 que le gymnase Marie, le doyen de tous les gymnases de Saint-Pétersbourg, a solennellement inauguré son installation dans un vaste bâtiment appartenant à l’école de commerce ; le même jour, Vassili-Ostrof prenait possession d’un spacieux édifice construit tout exprès. Le 4 septembre, le gymnase Pierre rentrait dans son ancien local, considérablement agrandi et mieux approprié aux besoins du service ; enfin le 15 septembre Kolomna célébrait la dédicace d’un bâtiment élevé aux frais de la Société philanthropique. Quant au gymnase Alexandre et aux cours pédagogiques, c’est en 1871 qu’ils sont arrivés à une organisation définitive. Les gymnases de Moscou, à part le premier, n’en sont pas encore là. lis sont installés dans des maisons particulières. Les salles sont médiocres, encore décorées de papier de mauvais goût ; les plafonds sont bas, les fenêtres petites et trop peu nombreuses. Il semble qu’on fasse la classe dans une chambre à coucher ou dans un cabinet de toilette. Avec le succès croissant de l’institution, leur tour viendra aussi de se transporter dans quelque vaste et confortable édifice.

On entre au gymnase à huit heures trois quarts, parce qu’avant l’ouverture des classes le pope fait faire la prière aux élèves orthodoxes ; mais dès le matin un flot de jeune population se répand dans les rues de Saint-Pétersbourg : on se croirait dans une de ces cités que décrivent complaisamment les livres d’étrennes, et qui ne sont peuplées que d’enfans. D’abord les garçons petits et grands, les uns avec leur sac au dos, les autres avec leurs livres sous le bras, les premiers gambadant et sifflant ou affectant le pas militaire, les seconds s’essayant à une allure grave, se sont rendus qui à l’école primaire, qui au gymnase, qui à l’université. Puis se montrent de