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semaine, celle des autres au taux de 25 roubles. Pendant quelque temps, cette différence de traitemens, motivée sur la distinction entre les hautes classes et les basses classes, a paru vouloir s’attacher à la différence de sexe ; il était presque passé en règle qu’une maîtresse n’avait droit qu’à la moitié du traitement d’un maître. Cette injustice tend à disparaître ; les maîtresses qui, par leur science et leur talent, ont paru dignes d’enseigner dans les classes supérieures touchent le même traitement que leurs collègues masculins.

Ce qui a le plus contribué à doter les gymnases d’un excellent personnel de maîtresses, c’est l’institution de cours pédagogiques à Saint-Pétersbourg et à Moscou. Les cours pédagogiques de Saint-Pétersbourg se font dans le gymnase Alexandre, sous la direction du natchalnik de tous les gymnases, M. Osinine, qui est lui-même un des professeurs. Le jour où nous lui avons fait notre visite, il venait de faire une leçon sur le syllogisme considéré au point de vue pédagogique. Le cours complet dure deux années ; la première est employée à perfectionner les connaissances générales des élèves ; dans la seconde, elles étudient les méthodes d’enseignement appliquées aux langues, à l’histoire ou aux sciences. Aux cours pédagogiques est annexée une école, distincte du gymnase, ouverte à de jeunes enfans auprès desquels les élèves peuvent commencer leur apprentissage d’institutrices et faire succéder la pratique à la théorie. Aux heures des récréations, on voit ces jeunes maîtresses se promener avec les petits enfans qui se suspendent à leur bras ou ne veulent pas quitter leur main.

En France, les établissemens qui servent à former des maîtres pour l’enseignement secondaire ou primaire sont presque toujours gratuits. En Russie au contraire, les 156 élèves des cours pédagogiques paient une rétribution de 60 roubles par an, somme considérable pour un budget modeste. Elles n’y sont reçues que comme externes : leur entretien reste donc tout entier à leur charge. Le règlement des cours pédagogiques est fort sévère. Ils ne sont accessibles qu’aux jeunes filles qui ont subi un sérieux examen d’entrée devant la conférence des maîtres du cours ; mais les élèves des gymnases qui ont mérité à l’issue de leurs études un attestat sont dispensées d’une nouvelle épreuve. Pour passer de la première année dans la seconde, autre examen ; les jeunes filles qui ne se sont pas présentées pour subir l’épreuve de passage recommencent le cours de première année. Celles qui n’assisteraient pas régulièrement aux cours et ne feraient pas exactement les travaux que l’on y prescrit seraient exclues par une décision de la conférence.

La plupart des jeunes filles qui fréquentent ces cours ont de dix-sept à vingt ans, l’âge auquel on termine les études secondaires. Les unes viennent des gymnases, les autres des instituts ; le cours