Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 104.djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

progrès ; dans le seul arrondissement de Kazan, le chiffre des élèves est monté de 3,224 à 6,776 ; mais revenons aux gymnases qui dépendent de la quatrième section.

Aujourd’hui les gymnases féminins qui ressortissent au département sont à Pétersbourg au nombre de six : Marie, Kolomna, Alexandre, Liteinaïa, Pierre et Vassili-Ostrof. Le gymnase Marie, qui est le plus ancien et le plus considérable, compte cette année 605 élèves, les autres en ont moins[1]. Il faut ajouter aux six gymnases le progymnase de la Nativité ; il diffère des gymnases en ce qu’il n’a pas les trois classes supérieures. Enfin au gymnase Alexandre est joint un établissement d’un caractère particulier, les Cours pédagogiques. A Moscou, il y a quatre gymnases féminins qui comptent ensemble 1,275 écolières. Néanmoins ces établissemens sont déjà considérés comme absolument insuffisans ; on est à l’œuvre pour de nouvelles créations. Outre les gymnases des deux capitales, on en trouve déjà quinze dans les villes de gouvernement, à Kief, à Kamenetz de Podolie, Jitomir, Mohilef, Minsk, Vitepsk, Kovno, Grodno, Riazan, Simbirsk, Astrakhan, Vychneï, Volotchek (gouvernement de Tver), Tsarskoe-Sélo et Gatchina. Ces deux derniers pourraient rentrer dans la liste des gymnases de Saint-Pétersbourg. On remarquera que les huit premiers de ces gymnases sont situés dans la partie occidentale de l’empire ; la quatrième section s’est inspirée sans doute des mêmes motifs que le ministère de l’instruction publique pour la multiplication des écoles dans « les provinces occidentales de la Russie[2] : » aussi les Russes de l’intérieur se plaignent-ils sans cesse que les « frontières » absorbent à leur détriment tout le budget de l’instruction publique. La plupart des établissemens de province portent le nom de gymnases Marie : double hommage à Maria-Feodorovna, dont la libéralité a fourni leur dotation, et à Maria-Alexandrovna, fondatrice des gymnases féminins en Russie.

Si la création du premier institut, au temps de Catherine II, avait semblé une nouveauté hardie, quel a dû être l’effet produit il y a une quinzaine d’années par l’apparition des gymnases ? Les instituts au moins étaient encore des demi-couvens ; si l’instruction y était donnée par des laïques, le régime intérieur ne différait pas trop de celui du cloître. Ils avaient du couvent la vie en commun, la règle sévère, l’internat rigoureux ; quelquefois ils occupaient d’anciens cloîtres, et se trouvaient à l’ombre sacrée de quelque

  1. Marie 605, — Kolomna 536, — Alexandre 348, — Liteinaïa 307, — Vassili 278, — Pierre 270, — Tsarskoe-Sélo 115, — Nativité 101, — Cours pédagogiques 156.
  2. Euphémisme qui, dans la langue administrative, sert à désigner la Pologne.