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Démétrius Ipsilanti. Ce gouvernement rudimentaire eût pu à la rigueur suffire à la Morée ; il ne convenait plus à la Grèce, désormais composée de quatre provinces distinctes, la Morée, les îles, la Grèce occidentale, la Livadie, comprenant la Béotie et l’Attique.

Le prince Alexandre Mavrocordato était arrivé au camp de Tripolitza le 8 août 1321, Né en 1787, descendant d’une famille de Phanariotes originaire de Chio qui avait fourni deux hospodars à la Valachie, le prince devait à sa longue carrière politique une notoriété qui le désignait au choix de ses compatriotes. On lui donna la direction politique de la révolution dans la Grèce occidentale. Un autre Phanariote, qui avait été représentant de la Porte à Paris, Théodore Négris, fut chargé d’organiser les provinces orientales. Le désordre et la dissension n’en gagnaient pas moins du terrain. On crut obvier à tout en édifiant une constitution provisoire et en créant une sorte de gouvernement représentatif dont le centre diction serait établi à Corinthe. La première assemblée générale eut lieu à Argos au mois de décembre 1821 ; la constitution, promulguée le 13 janvier 1822, reçut du nouveau siège choisi pour les séances le nom de constitution d’Épidaure. Cet acte établissait un congrès national investi de l’autorité législative et un pouvoir exécutif composé de cinq membres. Le prince Alexandre Mavrocordato, président de ce conseil, fut en même temps le premier président de la Grèce ; le Phanariote Négris devint son chancelier. La Grèce libre, — telle fut l’appellation par laquelle on désigna l’état qui devait lutter sept années encore pour sa liberté, — fut divisée en quatre provinces, les habitans furent partagés en quatre classes, suivant leur fortune. Ceux du cens le plus élevé furent invités à verser immédiatement 1,000 piastres dans le trésor public ; les autres classes se trouvèrent également taxées en proportion de leur revenu. C’est ainsi qu’on espérait pourvoir à des besoins chaque jour plus pressans.

On voulait établir l’unité dans le gouvernement politique, mais cette unité ne présidait pas même à la direction des opérations militaires. L’armée grecque n’avait plus, de commandant en chef. Colocotroni, « déjà célèbre par l’atrocité de ses brigandages, » s’était porté avec un corps de Moréotes vers Patras. D’autres corps opéraient sous les ordres du chef des Maniotes et des commandans des différens blocus. Le prince Démétrius se tenait isolé à Zeitoum. Pendant ce temps, une division de la flotte turque, composée en majeure partie de navires barbaresques et chargée de troupes de débarquement venues à sa rencontre dans le golfe d’Arta, se préparait à effectuer une descente dans le golfe de Lépante. L’Hydriote Condourlotti fut à cette nouvelle déclaré commandant en chef de la flotte. Il réunit de soixante à soixante-dix bâtimens et courut,