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préfecture de police (pour ordre) 20 millions au lieu de 16, la garde républicaine, la police de sûreté et le. recrutement 4 millions et demi au lieu de 3 millions, les services de perception 10 millions au lieu de 8, les établissemens de bienfaisance 14 millions au lieu de 12, voilà déjà 46 millions et demi que l’empire peut revendiquer comme un legs imposé à ses héritiers bénéficiaires. La république n’a ajouté de son chef à ce surcroît de charges que 3 millions de plus pour l’instruction primaire, 9 millions au lieu de 6, et 1 million et demi de réserve pour des dépenses imprévues, qui ne figurait pas au budget de 1869. Il est vrai qu’elle a porté le chapitre des travaux de Paris à 33 millions en 1873 au lieu de 30 en 1869 ; mais ici encore ce n’est pas son œuvre : aucun de ces travaux, si ce n’est les nouvelles maisons d’école, ne lui appartient ni par l’idée, ni par le plan, ni par l’exécution ; elle ne fait que solder les comptes et régler l’arriéré de cette décoration poussée à outrance, qui consistait à démolir pour rebâtir, à exproprier pour revendre, au prix de que les maltôtes, on ne le sait que trop, et qui eût consommé la ruine de la ville, si la guerre n’en avait interrompu le cours.

Il est pourtant parmi ces dépenses un chapitre sur lequel une réduction très ample a paru possible, et qui a permis au conseil municipal et aux nouveaux préfets de la Seine de bien marquer par un acte et un vote de finances ce qui sépare l’administration de M. Haussmann de celles de MM. Léon Say et Calmon : c’est le chapitre inscrit à la page 14 du budget municipal de 1873, sous le titre : Fêtes et cérémonies publiques. Le total pour 1869 était de 773,140 francs, sur lesquels, comme on le pense, pas un centime ne figure parmi les reliquats de l’exercice. Le détail en est curieux : il y a pour l’entretien du mobilier des fêtes et banquets 90,000 fr., pour l’entretien et la conservation des voitures et des habits de la livrée du corps municipal 60,000 francs, pour les réceptions à l’Hôtel de Ville 80,000 francs, pour les fêtes et les cérémonies publiques 440,000 francs, pour les actes de bienfaisance à l’occasion de ces fêtes 97,110 francs. D’un trait de plume, le conseil municipal et les préfets ont rayé cette série d’articles. Il y a bien eu, chez quelques membres du conseil, un regret pour les voitures de gala et peut-être pour la brillante livrée qui les montait ; c’est de la tradition, disaient-ils. Tradition ou non, un vote a coupé court à cette dépense somptuaire et décidé que ces reliques seraient vendues à l’encan. Il a paru que ce cérémonial jurait avec la simplicité de mœurs qui convient à une république. Une seule allocation. a été exceptée de cette mise à l’index, c’est une somme de 6,000 fr. pour l’entretien et le renouvellement du mobilier des réunions et