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celui des phoques, les membres postérieurs sont dirigés comme chez eux d’avant en arrière dans le prolongement de l’axe du corps. Chez les macareux, les ailes très réduites soutiennent encore l’animal dans les airs pendant quelques instans ; mais dans le grand pingouin et les manchots, elles deviennent complètement impropres au vol. Chez ces derniers, les plumes avortent, et ressemblent à des écailles ; l’aile n’est plus qu’une rame avec laquelle l’oiseau se meut dans les eaux. Chez le phoque, ce sont les mains, chez les manchots ce sont les ailes qui sont devenues des organes remplissant les fonctions des nageoires des poissons, et inversement chez ceux-ci, dans quelques espèces, les poissons volans par exemple, les nageoires pectorales très développées permettent à l’animal de s’élancer hors de l’eau et de décrire dans l’air une trajectoire assez longue pour échapper à ses ennemis.

Des exemples analogues abondent dans les mollusques. Ainsi nous retrouvons les mêmes formes dans les gastéropodes terrestres, et les gastéropodes aquatiques ; les premiers respirent par des poumons, les seconds par des branchies. Tout le monde connaît la limace de terre : elle respire par des poumons ; les oncidies, qui lui ressemblent prodigieusement, vivent sur les plages baignées par les flots de la mer, elles sont amphibies, et ont à la fois un sac pulmonaire et sur le dos des filamens branchiaux. Enfin les doris et les éolides, véritables limaces marines, ne respirent plus que par les branchies dont leur corps est couvert. Les colimaçons ou hélix sont également des gastéropodes pulmonaires. Les ampullaires, dont la coquille est la même, ont des poumons et des branchies et peuvent vivre à la fois dans l’air et dans l’eau ; enfin les lymnées et les planorbes sont de véritables hélix à branchies habitant les eaux douces du monde entier.

Parmi les insectes, les scarabées et les hannetons appartiennent aux coléoptères pentamères : leur vie est aérienne ; mais il existe des scarabées aquatiques, les dytisques et les hydrophiles, dont les pattes postérieures sont élargies en forme de rames. Les hémiptères qui portent le nom de punaises se divisent en géocorises ou punaises terrestres dont l’une des espèces, celle des lits, est trop connue de tout le monde, et en hydrocorises ou punaises d’eau, telles que les nepes, les ranaties et les notonectes. Dans ces insectes, l’appendice caudal, tour à tour aiguillon chez l’abeille, tarière chez l’ichneumon, crochets chez les scarabées, se convertit en un tube conduisant l’air aux stigmates, ouvertures des tubes ramifiés des trachées, qui forment le système respiratoire de l’animal.

De tous les faits qui viennent d’être énumérés, nous pouvons conclure avec Lamarck que les modifications de l’organisation des animaux aquatiques s’opèrent sous l’influence du milieu qu’ils