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toutes les tribus avec lesquelles la paix n’a pas été l’objet d’une convention spéciale. La revanche du sang existe parmi eux, mais un meurtre peut être racheté à prix d’argent. L’adultère est puni par la mort du coupable et par le renvoi de la femme chez ses parens ; le vol entraîne, pour la première fois, la restitution de l’objet volé, et en cas de récidive le renvoi de la tribu. Quant aux terres, elles sont au premier occupant, qui peut les cultiver sans payer de rente à qui que ce soit. Lorsque le sol s’appauvrit, la tribu abandonne les villages et va s’installer ailleurs, ce qu’elle fait d’ordinaire tous les quinze ans.

Les deux qualités maîtresses des Kandhs sont leur fidélité et leur valeur. De même leur hospitalité ne connaît pas de limites ; l’hôte pour eux est plus qu’un enfant, et quand un étranger arrive dans un village, tous les chefs de famille le sollicitent de partager leur toit ; il y reste aussi longtemps qu’il le juge convenable, sans qu’on songe jamais à le renvoyer. Leur taille élevée, leurs muscles bien développés, leurs pieds légers, leur front large, leur lèvre pleine sans être épaisse, leur donnent un air de force, d’intelligence, de détermination et de bonne humeur qui dénote des compagnons aussi agréables pendant la paix que redoutables pendant la guerre. Leur seul vice est l’ivrognerie ; aucune fête ne se passe sans que tous les hommes soient ivres.

Le Kandh ne connaît que deux métiers, la charrue ou les armes ; il dédaigne tous les autres, qui sont exercés par des individus appartenant à des races inférieures autrefois vaincues par eux, et qui se groupent autour de leurs villages. Ces villages sont toujours agréablement situés, au pied d’une colline boisé, ou dans une vallée ombragée. Ils se composent de deux rangs de maisons formant une rue large, tortueuse et fermée aux extrémités par des barrières de bois. Les castes inférieures groupent leurs maisons hors de ces barrières.

La religion des Kandhs est une religion de sang. Des dieux nombreux et terribles habitent sur terre et sous terre, peuplent les eaux et le ciel ; ils sont en guerre permanente avec les hommes et ne peuvent être apaisés que momentanément au moyen de sacrifices. Cette religion est une transition entre le culte grossier des races primitives et l’édifice plus compliqué des croyances aryennes ; elle comporte des sacrifices humains, soit publics, soit privés. Les premiers se font au printemps et après la moisson, ainsi qu’en temps de calamités publiques ; les autres ont pour objet d’attirer sur les familles, la bienveillance du dieu qu’on invoque. Les victimes sont des enfans de l’un ou de l’autre sexe, que des pourvoyeurs, appartenant à la tribu des Pans, vont acheter aux pauvres Hindous. Ces victimes