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Mme RÉCAMIER

Madame Récamier[1], les amis de sa jeunesse et sa correspondance intime, 1 vol. in-8o, Paris 1873.

Il y a treize ans, à propos des Souvenirs et correspondances tirés des papiers de madame Récamier, et publiés par sa nièce, Mme Lenormant, j’ai parlé dans cette Revue de Mme Récamier, et j’ai essayé de faire comprendre cette personne si belle et si rare, plus rare encore que belle, je crois, — d’une coquetterie sans pareille dans l’histoire de la coquetterie féminine, incessamment préoccupée de plaire, de plaire à tout le monde, et réussissant à plaire à tout le monde, de Lucien Bonaparte à Matthieu de Montmorency, de Matthieu de Montmorency au prince Auguste de Prusse, du prince de Prusse à M. Ballanche, modeste imprimeur lyonnais, de M. Ballanche à M. de Chateaubriand, de M. de Chateaubriand à M. Ampère, vieux et jeunes, grands seigneurs et bourgeois, politiques et lettrés, puissans et proscrits. Charmante pour tous sans appartenir à aucun, et mourant à soixante-douze ans sans qu’on puisse bien savoir si elle a éprouvé pour quelqu’un ce sentiment passionné, exclusif, incomparable, qui s’appelle l’amour, et qu’elle a inspiré à tant de gens.

À ces deux volumes de Souvenirs et correspondances tires des papiers de madame Récamier, Mme Lenormant vient d’en ajouter un troisième sous ce titre : Madame Récamier, les amis de sa jeunesse et sa correspondance intime. Au premier abord, j’ai été un peu inquiet de cette publication ; quel intérêt, me demandais-je, y prendra le temps actuel ? Le succès et la célébrité, tels que les a obtenus, il y a plus d’un demi-siècle, Mme Récamier, appartiennent essentiellement aux contemporains, aux témoins

  1. Née a Lyon le 4 décembre 1777, morte à Paris le 11 mai 1849.