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à une très haute température se comportent alors comme des gaz ; tous ces fluides bouillonnent ensemble au travers de la masse en fusion, et à chaque explosion ils en projettent des portions sous la forme d’une épaisse colonne de fumée qui la nuit devient une gerbe étincelante. Les débris qui retombent et viennent en s’entassant constituer le contour saillant du cratère sont des scories sèches qui se présentent tantôt en fragmens volumineux, tantôt en petits grains bizarrement contournés, tantôt réduites en une poudre fine, grisâtre, semblable à de la cendre. L’apparence de ces déjections dépend beaucoup de la composition chimique de la matière qui les constitue.

Les laves des diverses régions volcaniques se ressemblent par certains caractères physiques extérieurs. Toutes sont plus ou moins vitreuses, parce qu’elles sont produites par voie de fusion, et qu’elles subissent une solidification rapide; toutes sont huileuses, parce qu’au moment où elles sont sorties des entrailles da sol à l’état d’un liquide visqueux, les gaz et les vapeurs qu’elles recelaient dans leur masse se sont dilatés, et se sont creusé des cellules à parois arrondies.

D’autres qualités physiques moins importantes sont communes encore à toutes les laves; mais ce qui les relie surtout entre elles, ce sont des similitudes plus intimes. L’examen microscopique y révèle l’existence des mêmes composés minéralogiques, et l’analyse y fait reconnaître les mêmes élémens chimiques. La silice, l’alumine, la potasse, la soude, la chaux, la magnésie et le protoxyde de fer sont les substances fondamentales que l’on y retrouve toujours en proportions très variables. La ponce blanche, que le moindre souffle de vent soulève et transporte, et le basalte noirâtre, lourd et compacte comme un minerai de fer, sont des produits volcaniques bien différens d’aspect, et pourtant composés des mêmes élémens constitutifs. De faibles variations dans la proportion relative des corps intégrans entraînent une véritable transformation dans plusieurs des propriétés de la roche. Quelques centièmes de silice en plus ou en moins dans la composition d’une lave en changent complètement la coloration, la densité, la fusibilité. Il suffit de connaître la quotité de silice possédée par une quelconque de ces matières pour pouvoir en déduire les conséquences les plus intéressantes sur l’ensemble de ses caractères. Une lave est-elle riche en silice, on sait immédiatement qu’elle contient de fortes quantités de potasse ou de soude, et qu’elle est pauvre en chaux, en magnésie, en oxyde de fer; on sait en outre qu’elle est le plus souvent de couleur claire, quelquefois même entièrement blanche, que le poids spécifique en est faible, et qu’elle est peu fusible; comme elle ne se maintient liquide qu’à une très haute tempé-