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soit, que l’application de ces règles, n’y a-t-il pas entre la théorie et la pratique une union nécessaire qu’il serait aussi difficile de rompre que de séparer la main qui agit de l’esprit qui la dirige?.. — Abandonner la sylviculture aux simples ressources de la pratique, c’est la réduire à une routine incertaine et obscure, surtout dans un ordre de choses où les faits mettent plus de temps à se produire que l’homme n’en met dans l’accomplissement de sa destinée. On peut donc en conclure qu’en sylviculture, comme en toute autre matière, sans le secours de la théorie, le niveau des connaissances humaines ne pourrait jamais s’élever, puisque c’est à elle qu’il appartient d’étudier les phénomènes, de les grouper, et de faire profiter ainsi une génération de l’expérience de celles qui l’ont précédée.

Obéissant à ces principes. M. Tassy passe en revue les différentes circonstances dans lesquelles peut se trouver une forêt, et il examine d’une part quel est, au point de vue du propriétaire, état, commune ou particulier, le meilleur système d’exploitation; d’autre part, quels sont les moyens les plus pratiques et les plus rapides d’atteindre le but. La dernière partie de son ouvrage est consacrée à la discussion des mesures à prendre pour remettre la France dans un état normal, au point de vue des forêts et du pâturage. L’auteur propose de classer, au moyen d’une statistique générale, tout le territoire en trois zones, La première zone, comprenant les terrains dont le boisement ou le gazonnement sont reconnus nécessaires sous le rapport du régime des eaux, de la protection du littoral et de la défense du territoire, serait régie par l’administration forestière. La seconde comprendrait les bois domaniaux ou communaux non compris dans la première; ces bois seraient également soumis au régime forestier, plus les bois particuliers dont la conservation présente non plus un intérêt général, mais un intérêt local manifeste, et dont le défrichement serait prohibé; enfin la troisième zone renfermerait les portions du territoire affranchies de toute restriction. Avec un champ d’action ainsi déterminé, l’administration des forêts serait en mesure de gérer les bois et les pâturages, dont la disparition est aujourd’hui une cause de ruine pour les pays montagneux.


Le directeur-gérant, C. Buloz.