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LES CAISSES D'EPARGNE
EN FRANCE ET EN ANGLETERRE

Quelques mois avant la guerre, il était déjà question d’introduire dans la loi organique de nos caisses d’épargne quelques modifications et certains perfectionnemens pour développer les services de cette précieuse institution et lui donner un organisme plus puissant, plus conforme aux excellentes caisses d’épargne anglaises. Pendant la guerre et la Commune, nos caisses d’épargne ont subi l’épreuve la plus grave qu’elles aient connue depuis leur fondation en 1818. Cette épreuve a donné lieu à des mesures accidentelles, qui se sont trouvées salutaires, et que l’on pourrait établir avec avantage dans le fonctionnement ordinaire de l’institution. Enfin un mouvement se produit à cette heure en Angleterre pour développer mieux encore les post-office savings-banks par des moyens nouveaux que l’expérience a indiqués, et qu’il nous conviendrait d’imiter aujourd’hui plus que jamais, car ces longs mois de faible production sous l’invasion étrangère et la guerre civile, ces deux années de disette, et les exportations ; d’argent pour les dépenses de guerre et pour les milliards de notre rançon, ont affaibli le capital général de la France. Par le chômage surtout, le stock des 720 millions d’épargnes populaires que comptaient nos caisses d’épargne au commencement de 1870 est réduit à 526 millions. Pour Paris, sur les 54 millions que nos ouvriers possédaient à la caisse d’épargne avant la crise, 18 millions ont été consommés pendant ce long chômage malgré les soldes de la garde nationale données aux hommes, aux femmes et aux enfans. Il importe donc de favoriser aujourd’hui de tous nos efforts la reconstitution de l’épargne, — et quel meilleur moyen pour cela que de faciliter l’action des caisses d’épargne, si utile pour la formation du capital national, en même temps si bonne pour les mœurs !

Un franc déposé chaque semaine à une caisse d’épargne se trouve à la fin de la trente-deuxième année produire une somme d’environ 3,000 francs. Ainsi un ouvrier qui à vingt ans aurait pris la résolution