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nombre suffîsant de véhicules. Le premier besoin pour le commerce, c’est d’avoir à sa portée le wagon prêt à partir. Si le wagon fait défaut, à quoi sert la baisse des tarifs ? On se souvient des réclamations qui ont été exprimées sur ce point dans le courant de 1871, des discussions qui se sont engagées entre les chambres de commerce et les compagnies, des mesures prises par le gouvernement pour suspendre l’exécution des clauses relatives aux délais de transport. Il est certain qu’il y a eu sur une portion du réseau un grand encombrement de marchandises et que le matériel a été insuffisant pendant plusieurs mois ; mais la commission d’enquête parlementaire, appelée à examiner les plaintes, a reconnu que les conséquences de la guerre avaient créé un cas de force majeure qui dégageait la responsabilité du service de l’exploitation. Aujourd’hui, les opérations de transport sont à peu près rentrées dans l’ordre accoutumé, le matériel se complète, et, s’il est désirable que l’on profite de l’occasion pour améliorer les voitures à voyageurs, il ne faudrait pas exiger sans nécessité absolue l’augmentation du nombre des wagons destinés aux marchandises. Il vaudrait mieux étudier les combinaisons les plus propres à accroître la circulation du matériel existant. Le progrès que révèle sous ce rapport l’étude comparée des statistiques de 1859 et de 1869 n’a pas encore dit son dernier mot. Accroître la circulation ou la charge des wagons, c’est par le fait accroître leur nombre.

Le choix du personnel et l’entretien du matériel influent à un égal degré sur la sécurité des transports. Chacun de nous est en mesure d’apprécier les causes multiples qui peuvent entraver la circulation, nuire à la régularité du service et entraîner des accidens. Si les expéditions ou les passages de trains ne sont pas exactement calculés, si la voie n’est pas maintenue en parfait état, si, les véhicules ne sont pas visités avec soin avant le départ et même encours de route, la vie des voyageurs est compromise. La plus stricte surveillance est donc indispensable : elle doit s’étendre à tous les détails, personnel et matériel, et s’exercer à tous les instans. La statistique que nous avons sous les yeux fournit le chiffre, des accidens qui se produisent sur les chemins de fer, ainsi que le nombre des morts et des blessés. Consultons ce triste bulletin pour l’année 1860.

Sur l,044,296 trains ayant transporté des voyageurs, 76 ont occasionné mort ou blessures : 2 voyageurs ont été tués et 135 blessés par le fait de l’exploitation ; 22 ont été tués et 141 blessés par suite d’accidens étrangers à l’exploitation, soit en tout 24 voyageurs tués et 276 blessés pour une circulation de 111 millions de personnes. Il est donc permis de dire que les accidens sont relativement peu nombreux ; la statistique mortuaire des anciennes