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La presque totalité de ce personnel était au service des six grandes compagnies dans les proportions suivantes :


employés par kilomètre.
Nord 20,605 13.24
Est 24,592 8.60
Ouest 19,851 9.13
Orléans 20,956 5.40
Lyon 38,021 9.07
Midi 11,359 6.07

Il existe, on le voit, des différences assez sensibles dans le chiffre kilométrique du personnel employé sur chaque ligne. Elles peuvent être dues en partie à ce que certaines compagnies auraient recours à un personnel auxiliaire qui ne figure pas sur les contrôles, tandis que d’autres n’observeraient pas la même pratique. Dans un travail aussi compliqué, l’absolue concordance des renseignemens est bien difficile à obtenir, et il faut se résigner à quelques incertitudes ou erreurs de statistique. Au reste ce chiffre du personnel kilométrique doit varier selon les lignes, comme il varie sur les diverses sections du même réseau, parce que la longueur et la nature du parcours, le nombre et l’importance des gares, le caractère du trafic, en un mot l’organisation générale du service exerce une influence directe sur les procédés d’exploitation. Quoi qu’il en soit, les différences indiquées par les tableaux statistiques se recommandent à l’étude des compagnies, qui sont désireuses sans aucun doute de s’emprunter mutuellement les règlemens et les moyens les plus sûrs pour réaliser des économies. Ce qui importe au public, c’est que ces économies ne tournent pas au détriment du service. Or depuis 1859 les compagnies continuent à employer environ 8 personnes par kilomètre, bien que beaucoup de lignes, ouvertes durant ces dernières années sur le nouveau réseau, soient à voie simple, ne comptent pas de grandes gares et n’aient encore qu’un faible trafic. Il est donc certain que le personnel de l’ancien réseau a dû être augmenté.

Les compagnies employaient en 1869 près de 45,000 anciens militaires : c’est environ le tiers de leur personnel. Elles se sont conformées aux instructions ministérielles qui leur recommandent de réserver aux candidats sortant de l’armée une partie des places dont elles disposent. Le service des gares et des trains exige en effet la plupart des qualités que l’on doit obtenir plus facilement des hommes qui ont passé par le régiment : l’ordre, la discipline, la propreté et l’exactitude. Cette dernière qualité est particulièrement indispensable. On disait autrefois l’heure militaire, il faut dire aujourd’hui l’heure du chemin de fer, pour exprimer le plus haut degré d’exactitude. Les anciens sous-officiers et soldats sont donc