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terriblement tache à la même époque ? Sont-ils sévères comme il le faudrait quand il y a lieu ? Nous aurons sur ce point plus d’une réserve à faire.

C’est surtout au point de vue des destructions qu’un autre écrivain a envisagé le sujet. M. E. Despois a consacré un volume au Vandalisme révolutionnaire : non pas qu’il ne s’occupe que des ruines qui furent faites à cette époque, loin de là ; lui aussi jette un regard complaisant sur les divers encouragemens que les arts et le luxe public ont reçus de la révolution française. On se doute même de ce que, de la part d’un écrivain aussi plein d’admiration pour la révolution, ce mot de vandalisme peut cacher d’ironie. Qu’il y ait eu des actes de vandalisme, l’auteur ne le nie pas. Y en a-t-il eu autant qu’on le dit, et la révolution elle-même a-t-elle été véritablement vandale ? Voilà ce qu’examine M. Despois. Il n’est que juste de reconnaître sa modération, sa bonne foi, ce que son livre atteste de recherches, ce que même il rectifie d’erreurs sur quelques faits faux ou exagérés. Son plaidoyer est habile et bien fait, mais c’est un plaidoyer, et non des moins systématiques. La convention y est jugée sur ce point, comme sur tous les autres, avec sympathie, indulgence au moins, quand décidément il ne saurait y avoir lieu à sympathie. Au surplus, ce n’est pas ici une question de parti : c’est, il faut le répéter, une question d’histoire. Nous la discuterons d’autant plus volontiers avec l’auteur du Vandalisme révolutionnaire que son travail et les histoires plus générales de la révolution nous ont aidé et comme invité à nous reporter vers les sources si indispensables en pareille matière.

Et d’abord il y a un point sur lequel il paraît difficile que l’accord ne se fasse pas. Non, il n’est pas vrai que la convention ait été une assemblée d’iconoclastes. Elle n’a pas fait une guerre systématique aux arts, au luxe public. Si elle a eu des torts à cet égard, ce n’est pas le tort du moins d’une haine de parti-pris. Elle estimait à leur valeur ces décorations brillantes des sociétés civilisées, dans lesquelles elle vit même mieux que de simples décorations superflues. On fait à ce sujet plus d’une confusion. On croit trop souvent que la convention était hostile aux arts, tandis qu’elle ne l’était qu’au passé, qu’elle attaquait ou laissait attaquer sans ménagement, en dépit de certaines mesures spéciales à la conservation des objets d’art que nous examinerons. On confond en cela la convention avec ce qui n’en fut qu’un groupe, une fraction, une secte, — secte bizarrement éprise de l’austérité Spartiate, qu’elle prétendait faire revivre en pleine civilisation moderne. Eh bien ! même ce groupe dont Saint-Just est l’expression la plus systématique, tout en déclamant contre le luxe privé, l’opulence, n’étend guère ses