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L'ANGLETERRE
ET
LA VIE ANGLAISE

I.
L'INSTRUCTION PUBLIQUE.
LA LIGUE DE L'EDUCATION NATIONALE, L'UNION ET LES CONSEILS D'ECOLES PRIMAIRES.



Il fut un temps où dans la Grande-Bretagne l’enseignement supérieur était tout entier entre les mains du clergé de l’église établie. Cependant, en dehors de la religion nationale, s’était développée une forte masse de dissidens qui, exclus par la loi des fonctions politiques, se jetèrent dans le commerce, où ils firent fortune. Ces Anglais avaient un peu les qualités de notre ancien tiers-état. Laborieux, économes, rompus à la pratique des affaires, ils ne tardèrent point à conquérir dans la société tout le terrain que leur avaient ravi les persécutions religieuses. A la suite de la richesse vint l’ambition ; ils n’en avaient pas beaucoup pour eux-mêmes, mais ils en avaient pour leurs enfans, auxquels ils voulaient ouvrir l’accès des carrières libérales. Devant eux se dressait un obstacle invincible : pour être admis dans les universités, il fallait alors signer les articles de foi qui forment la constitution de l’église anglicane, et toute la jeunesse dissidente se refusait à une telle transaction de conscience. Vers 1826, leurs amis les whigs étant au pouvoir, ces hérétiques du protestantisme demandèrent aux universités d’Oxford et de Cambridge de retirer l’exclusion morale qui les frappait dans