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L’ENQUÊTE
SUR LE 18 MARS

L’EMPIRE, LA REVOLUTION DE SEPTEMBRE ET LA COMMUNE

Enquête parlementaire sur l’Insurrection du 18 mars, 2 vol. in-1°.

Depuis que la révolution de la fin du dernier siècle a transformé la société française et en a fait une mêlée d’idées, de passions, d’intérêts nouveaux, la paix intérieure, on ne peut plus s’y tromper, la paix n’est qu’une illusion ou une trêve, la guerre est au fond de tout, la guerre est la condition intime et permanente de notre pays. Les élémens sociaux sortis de l’ardente fournaise sont restés discordans, ils ont tout au moins une grande peine à retrouver l’équilibre dans un organisme fixé et respecté. De temps à autre, la lutte, c’est-à-dire la révolution, semble finie, elle n’est qu’interrompue ; elle se déplace ou elle a l’air de s’apaiser pour se raviver sans cesse, et, chose frappante, à mesure que les crises et les révolutions se succèdent, à chaque explosion périodique, la guerre s’étend et s’aggrave.

Il y a quarante ans, une sédition n’était qu’une sédition après tout, une éruption violente et courte. C’était l’affaire d’une journée, de deux journées tout au plus, une échauffourée meurtrière tentée le plus souvent par l’impatience d’un parti qui suppléait au nombre et aux moyens d’action par l’audace, qui engageait un combat inégal et à peu près sans espoir contre un gouvernement