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REVUE MUSICALE

LES THEATRES LYRIQUES ET LE CONSERVATOIR EN 1872.

Nous aimerions à revenir plus souvent à la musique, et si parfois nous avons l’air de nous désintéresser un peu de la question, la faute en est moins à nous qu’aux circonstances. Les théâtres ne donnent rien ; çà et là seulement et de loin en loin quelques reprises brochant sur le train journalier du vieux répertoire, et n’offrant pas même l’intérêt d’une belle rentrée ou d’un heureux début ! C’est sous de tels auspices que la nouvelle administration de l’Opéra commence à fonctionner ; de troupe, il n’en existe plus. Songe-t-on à s’en procurer une ? Jusqu’ici nul symptôme de transformation ne s’annonce. Des ombres de chanteurs du côté des hommes, Mlle Hisson, Mlle Bloch, Mlle Arnaud, du côté des femmes, continuent à mener la fête, et quand vous êtes assez curieux pour vous informer des grands ouvrages qui se préparent, on vous montre au haut du mât la Coupe du roi de Thulé, c’est-à-dire une de ces pièces en deux actes qui jadis figuraient épisodiquement, en manière d’intermède, dans le paysage, et dont, paraît-il, tous nos appétits de l’année auront à se contenter. Est-ce à de pareils élémens de gloire nationale que le brillant rapporteur de la commission faisait allusion lorsqu’il s’agissait pour lui d’enlever la subvention à la pointe d’une cavatine di bravura merveilleusement exécutée ? Qu’on y réfléchisse cependant, l’assemblée de Versailles a bien pu se laisser prendre une première fois ? mais la question ne tardera pas à reparaître à l’occasion du budget de 1873, et d’ici là, si des actes authentiques n’ont parlé en faveur de l’administration de l’Opéra, la cause des 800,000 francs se trouvera fort compromise. La situation étant définie par le vote de l’assemblée, il importait qu’un sérieux programme fût à l’instant rédigé, et que le public eût confidence de