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finitions pour toutes les règles de la grammaire. Étudiée à fond, une pratique conduit nécessairement à une théorie.

À une autre objection maintenant. Comment réunir dans une même école les enseignemens propres à des métiers divers ? Pour ceux qui ont une souche commune, la question n’en est pas une. Ainsi en est-il de la peinture, de la sculpture et de la gravure, qui, à raison des affinités, font toujours bon ménage. La difficulté est de réunir dans une même école et pour les mêmes élèves des enseignemens disparates. C’est là une question délicate, et personne ne l’a mieux traitée que M. Guémied dans un écrit spécial[1] ; pour juger ses argumens, on ne saurait mieux faire que de lui emprunter quelques lignes. Après avoir établi que l’unité dans la diversité est le fait universel : « À l’aide d’instrumens, toujours les mêmes, ajoute-t-il, l’homme produit des œuvres d’une variété illimitée. Au moyen de la géométrie, nous rapportons les figures de tous les corps à quelques formes élémentaires diversement combinées ; c’est là une première simplification. Travailler une matière quelconque, c’est, dans le plus grand nombre de cas, lui donner une figure régulière, lui appliquer les principes de la mesure et de la forme, et l’on voit tout de suite quel rôle considérable doivent jouer la géométrie et le dessin graphique dans l’enseignement professionnel. Le travail industriel peut ainsi déjà s’appliquer à quelques opérations fondamentales, telles que dresser ou aplanir, ajuster, tourner, etc. Les matériaux divers sur lesquels on opère se classent à leur tour par grades, catégories, supposant des procédés de travail analogues, suivant qu’ils sont plus ou moins denses et résistans, sujets ou non à l’action du feu, susceptibles d’être forgés et fondus comme les métaux, fondus seulement comme le verre, la corne, le caoutchouc, moulés humides comme l’argile, taillés et tranchés comme le bois et les cuirs, réduits et usés comme la pierre. Les types principaux d’outils se rapportent à ces propriétés diverses de matériaux, et on peut les ranger de même en un petit nombre de groupes. Nous trouverons, par exemple, le marteau qui sert à forger, à dresser, à courber les métaux, à tailler ou à piquer la pierre, — les outils tranchans, haches, ciseaux de toute sorte, doloires, planes et rabots, — les outils servant à diviser, scies de toute forme et de toute dimension, — l’outil essentiel du travail des métaux, la lime, — enfin l’outil universel, le tour. Cherchez un instrument qui ne se rapporte pas à l’un de ces cinq types généraux, vous n’en découvrirez pas…

« Il est possible d’ailleurs de donner la raison de l’universalité de certains types d’instrumens en examinant la nature des mouve-

  1. Revue de l’enseignement professionnel, 3e année.